Dix montres dont le design est resté le même -ou presque- au fil des décennies !

Par Jean-philippe Tarot, Mardi 5 Aout 2025 pour Montres-de-luxe.com

C’est un exercice de style que l’on retrouve souvent sur les réseaux sociaux avec plus ou moins de cohérence. Mais l’idée est bonne. Nous avons donc décidé, à notre tour, de présenter dix montres qui, au fil des décennies, ont conservé peu ou prou leur design d’origine. Ce qui prouve une fois encore qu’un grand classique, c’est un design réussi dès le départ !



La Santos-Dumont de Cartier
La Santos-Dumont reste l’un des plus grands classiques de l’horlogerie. Ce fut la toute première montre de poignet pour hommes à voir le jour en 1904 lorsque Louis Cartier imagina ce garde-temps pour son ami pilote et dandy brésilien Alberto Santos-Dumont.
 
Cette montre permettait alors à l’aviateur de pouvoir lire l’heure en plein vol. Elle était montée sur cuir, matière alors inusitée des horlogers et affichait ce que d’autres cachaient, ses vis en l’occurrence.
 
Depuis plus de 120 ans, cette montre conserve son design avec bien évidemment des évolutions de matières, de tailles ou de mécaniques. Mais au final, elle a peu changé et certains modèles actuels restent proches de celui d’origine !

La Tank de Cartier
Peu de montres au monde peuvent se targuer d’un tel succès doublé d’une telle longévité… La Tank est née en 1917, s’inspirant à l’origine des chars d’assaut de la première guerre mondiale.
 
En effet, fasciné par ces monstres d’acier apparus sur les champs de bataille, Louis Cartier décida de leur rendre hommage à sa manière, en créant un modèle reprenant leur forme vue du dessus : un carré entouré de deux brancards rappelant les chenilles. Imaginée en 1917 mais née véritablement en 1922, la Tank est l’une des premières montres-bracelets de forme carrée.
 
Depuis plus de cent ans, elle a été déclinée dans de très nombreuses versions mais reste largement fidèle au design d’origine !

La Reverso de Jaeger-LeCoultre
C’est en Inde à la fin des années 30, que commence la longue histoire de la Reverso. C’est à cette époque que César de Trey alors distributeur des montres Jaeger et LeCoultre tomba sur un officier britannique qui lui mit sous le nez sa montre bracelet, brisée après une partie de polo.
 
Le militaire, parfaitement au courant que la Suisse était déjà un pays où l’on fabriquait des montres de qualité l’a donc alors mis au défi de lui trouver une solution à cette gêne récurrente pour lui, ses coéquipiers et ses adversaires de jeu. De Trey, lui a promis de s’occuper de son problème dès son retour au pays. Ce qu’il fit.
 
Rentré en Europe, De Trey entra en contact avec Jacques-David LeCoultre, pour lui soumettre le défi de l’officier anglais. La Manufacture du Sentier mit en place les premières études de la future Reverso. C’est le 4 mars 1931 que René-Alfred Chauvot déposa un brevet qui répondait à la description suivante : « une montre susceptible de coulisser dans son support et pouvant se retourner sur elle-même ».
 
En réalité, le boîtier, doté d’ergots glisse dans les rainures d’un support et se retourne sur lui-même à 180° degrés : la face fragile de la montre est alors remplacée par son dos solide en acier.
 
Là encore, en neuf décennies, le design a peu changé. On se souvient de la Squadra, une Reverso carrée qui tentait d’apporter un souffle d’air frais à ce modèle mais qui finit par sortir du catalogue. On ne touche pas à une icône.

La Calatrava de chez Patek Philippe
Lancée en 1932 avec la référence 96 (premier modèle de la manufacture portant un numéro de référence), la Calatrava s’est imposée comme la quintessence de la montre de ville classique ronde.
 
Son design épuré a été réinterprété depuis lors dans d’innombrables versions pour hommes comme pour dames avec des lunettes plates ou arrondies, lisses, serties ou guillochées, en versions extra-plates, dans des boîtiers de style Officier, avec des cadrans très sobres indiquant simplement les heures et les minutes, voire les secondes ou des affichages plus élaborés.
 
Au sein de ce vaste héritage, une lignée de Calatrava a particulièrement marqué les esprits et s’est imposée au fil des décennies comme un grand classique : les modèles arborant une lunette rehaussée par un décor guilloché « Clous de Paris ».
 
Ce motif diamanté formant de petites pyramides apparaît notamment sur une lunette Calatrava en 1934, celle de la référence 96D (D pour décor), dotée du même calibre manuel 12-120, des mêmes attaches de bracelet incurvées et du même cadran avec index appliques et petite seconde que la référence 96.

L’Oris Big Crown Pointer Date
A l’origine, la montre Oris Big Crown Original Pointer Date fut créée pour les pilotes américains basés en Grande Bretagne pendant la seconde guerre mondiale. C’est un brevet déposé par l’horloger datant de 1938 !
 
Mais historiquement, cette pièce fut lancée en 1940. Cette montre d’aviateur était dotée d’un verre en plexiglass qui protégeait un cadran noir mat permettant une bonne visibilité pendant le vol et surtout, d’éviter les problèmes de réverbération dans le cockpit (l’une des plus grandes craintes des pilotes !).
 
Les Américains baptisèrent ce modèle Big Crown (Grande Couronne), car celle-ci permettait aux pilotes de régler leur montre sans avoir à enlever leurs gants (il faisait en effet très froid dans les avions...).
 
Encore à l’heure actuelle, elle reste identique mis à part, le remontage qui est désormais automatique et non plus manuel.

La Khaki Field d’Hamilton
A l’origine, la montre Khaki Field équipait les G.I. durant la Seconde guerre mondiale.
 
A cette époque, ce garde-temps robuste et rustique était équipé d’un boitier en acier microbillé (afin d’éviter les reflets qui pouvait indiquer votre présence à l’ennemi) d’un diamètre de 31 ou 34 mm.
 
Il proposait un calibre à remontage manuel doté du fameux « Hack System » qui permettait l'arrêt du balancier et donc, la synchronisation de l'aiguille des secondes avant une opération militaire.
 
Aujourd’hui, cette montre reste un grand classique de chez Hamilton, d’autant que cette collection se situe souvent dans les modèles d’entrée de gamme de la marque…

La Navitimer de Breitling
La Navitimer fut la première montre pour pilotes à associer un chronographe à la règle de calcul circulaire brevetée par Breitling.
 
Développée à l’origine en 1952 pour les membres de l’Aircraft Owners and Pilots Association (AOPA), la Navitimer a rapidement séduit un public plus large, composé de célébrités (Miles Davis ou encore Serge Gainsbourg) et d’astronautes.
 
En 1962, elle devient même la première montre de poignet suisse à avoir voyagé dans l’espace après que l’astronaute Scott Carpenter ait effectué trois fois le tour de la Terre avec la Navitimer Cosmonaute au poignet pendant sa mission Mercury-Atlas 7.
 
Aujourd’hui encore, elle est restée peu ou prou dans son design d’origine et séduit de nouvelles générations d’amateurs de chronographes.

La Fifthy Fathoms de Blancpain
A l’origine, la Fifty Fathoms fut développée à des fins militaires. L’histoire commence réellement en 1952, lorsque le ministère de la Défense français demande à deux de ses officiers de la marine, le commandant Robert « Bob » Maloubier et le lieutenant Claude Riffaud, de mettre en place une unité d’élite, celle des « Nageurs de combat ».
 
Afin de les accompagner dans leurs missions, les deux militaires recherchèrent une montre robuste, fiable et totalement étanche. Ne trouvant à l'époque aucun modèle qui leur convenait, les officiers français se sont tournés vers Blancpain, afin de voir si cette manufacture était à même de leur fournir une montre-bracelet répondant à leur cahier des charges.
 
C’est ainsi que les ingénieurs et les horlogers de chez Blancpain ont donné naissance à la première montre étanche civile à laquelle on puisse véritablement attribuer le qualificatif de « montre de plongée » : la Fifty Fathoms fut officiellement lancée en 1953.
 
Le Fathom (brasse en français) est une unité de mesure britannique correspondant à 1.8288 mètres. Cette unité, bien qu'autrefois utilisée pour la mesure des terres, n'est encore usitée que dans la marine pour mesurer les cordages, les filins ainsi que la profondeur de l'eau.
 
Cette montre était donc à l’origine étanche jusqu’à 50 brasses marines (Fifty Fathoms), ce qui correspond à une centaine de mètres (91.45 exactement).

La Submariner de Rolex
Véritable icône dès son lancement en 1953, la Submariner de Rolex est reconnaissable au premier coup d’œil. Si son design n’a que très peu changé depuis sa création, ses capacités techniques, elles, n’ont jamais cessé d’évoluer.
 
Avec le temps, la Submariner a permis à Rolex d’ouvrir les portes des profondeurs. La marque est en effet parvenue -dès son lancement- à défier la pression sous-marine en créant des montres capables d’aller toujours plus profond.
 
« La Submariner est l’archétype même de la montre de plongée et elle illustre parfaitement le lien historique entre Rolex et l’exploration sous-marine.

C’est un modèle emblématique dont la renommée va bien au-delà du monde aquatique et qui s’est progressivement imposé comme la montre de choix pour accompagner les sportifs et aventuriers en tous genres
 » déclarait Arnaud Boetsch, Directeur Communication et Image chez Rolex à l’occasion du lancement du livre dédié à ce modèle en septembre 2024.

La Speedmaster d’Omega
On ne présente plus la Speedmaster d’Omega. Depuis ses débuts en 1957 jusqu’à aujourd’hui, des dizaines et des dizaines de versions ont vu le jour, mais cette montre restera comme la toute première à avoir foulé le sol lunaire…
 
A l’origine, la Speedmaster d’Omega fut conçue pour un usage plutôt sportif, comme par exemple, la course automobile ; inutile de rappeler qu’il s’agit d’un chronographe.
 
Son destin prit toutefois une toute autre tournure au début des années 60. En effet, selon la légende, les astronautes, dont certains portaient déjà une Speedmaster à titre privé, souhaitaient être officiellement équipés d’une montre fiable, précise et résistante.
 
C’est la raison pour laquelle la NASA engagea en 1964 une série de tests rigoureux et en conditions extrêmes, afin de sélectionner le meilleur chronographe pour les accompagner lors de leurs missions spatiales (Breitling et Rolex participèrent également).
 
Mais au final, c’est l’Omega Speedmaster qui remporta ces tests et qui fut officiellement certifiée (« Flight Qualified for All Manned Space Missions ») par la NASA le 1er mars 1965 pour le projet Gemini.
 
C’est en juillet 1969 qu’elle entra véritablement dans l’Histoire, au service des astronautes de la mission Apollo 11 (Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins) pour les premiers pas de l’Homme sur la Lune.
 
Il s’agit là d’exemples bien précis -et quelques peu arbitraires certes- ; d’autres modèles auraient pu entrer dans ce comparatif comme la Baignoire de chez Cartier, la Rolex GMT ou la Rolex Daydate, la PA49 de Van Cleef & Arpels, la Memovox de Jaeger-LeCoultre, la Mark 11 d’IWC, etc. Liste non exhaustive bien évidemment.
 
Tous ces garde-temps de légende montrent simplement qu’un beau design dure des décennies et des décennies.

NB: les modèles en photo ne sont pas forcément les modèles d'origine mais s'en rapprochent... 


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