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Quand Donald Trump reçoit Rolex et Richemont à la Maison-Blanche et qu'il reçoit une horloge Rolex


Par Jean-philippe Tarot, Mercredi 12 Novembre 2025 pour Montres-de-luxe.com

Dans une atmosphère à la fois solennelle et stratégique, Donald Trump a accueilli à la Maison-Blanche (Washington) plusieurs dirigeants de grandes entreprises suisses, dont Jean-Frédéric Dufour (PDG de Rolex) et Johann Rupert (président du groupe Richemont). L’entretien, tenu bien évidemment à huis clos, met en lumière les tensions entre Washington et la Suisse autour des droits de douane de 39% imposés sur les exportations suisses.



Un dialogue à haut niveau autour des tarifs
Depuis quelques mois, les entreprises suisses subissent un tarif douanier américain de 39% sur certains produits exportés (notamment les montres de luxe) vers les États-Unis ; un taux historiquement élevé entre deux économies alliées.
 
Les dirigeants présents à la Maison-Blanche -parmi eux, également des représentants de Mercuria et Partners Group- ont plaidé pour un assouplissement de ces barrières commerciales, qui fragilisent notamment le secteur du luxe et de la haute horlogerie.
 
« Nous avons exprimé notre soutien aux efforts diplomatiques entre la Suisse et les États-Unis, mais nous n’avons participé à aucune négociation directe », ont précisé Rolex et Richemont dans un communiqué commun à l’issue de la rencontre.
 
Une rencontre symbolique, mais politiquement lourde
Officiellement, la réunion n’avait pas vocation à sceller un accord, mais à renforcer le dialogue économique bilatéral (on se souvient déjà de certaines rumeurs lorsque Rolex avait invité Donald Trump à la final de l’US Open).
 
Selon plusieurs sources proches du dossier citées par Reuters, les discussions se seraient déroulées dans un climat « constructif », Donald Trump se disant « ouvert à revoir certaines conditions » si la Suisse s’engageait à « accroître ses investissements » sur le sol américain.
 
Un détail a retenu l’attention des observateurs et qui a été souligné par le magazine Hodinkee : à la fin de l’entretien, Jean-Frédéric Dufour aurait offert au président américain une pendule de bureau signée Rolex (non disponible dans le commerce), inspirée du design emblématique de la Datejust. 
 
Un geste diplomatique discret, mais chargé de symboles, évoquant la précision, la tradition et la durabilité -des valeurs communes revendiquées par la Suisse et les États-Unis.
 
Les enjeux pour l’horlogerie suisse
Pour rappel, les États-Unis constituent le deuxième marché mondial pour l’horlogerie helvétique, derrière la Chine (pays qui tourne au ralenti en ce moment ce qui renforce l’importance du marché américain).
 
Naturellement, cette surtaxe de 39% fait mécaniquement grimper les prix de vente au détail (qui avaient déjà bien augmenté ces dernières années), compromettant la compétitivité de marques phares comme Rolex, Cartier (groupe Richemont) ou encore Patek Philippe et Audemars Piguet.
 
Selon des estimations du Swiss Watch Industry Federation, une réduction des droits à 15% -scénario actuellement en discussion- permettrait de rétablir près de 700 millions de francs suisses d’exportations annuelles perdues depuis le début du différend.
 
Un dossier désormais entre les mains de Trump
Du côté du gouvernement suisse, la ministre des Finances Karin Keller-Sutter a confirmé que l’issue de ces pourparlers dépendait « directement de la Maison-Blanche ». Un projet d’accord commercial bilatéral serait en préparation, mais son adoption nécessiterait l’aval personnel du président américain.
 
En coulisses, plusieurs diplomates évoquent un possible assouplissement avant la fin de l’année, notamment si la Suisse consent à certaines concessions sur les produits pharmaceutiques et les fonds d’investissement.
 
Une pendule et beaucoup de symboles
Au-delà des chiffres, cette rencontre illustre la place singulière qu’occupe la Suisse dans le commerce mondial : petit pays neutre, mais acteur majeur du luxe et de la finance.
 
En se rendant à Washington, les patrons de Rolex et de Richemont rappellent que, derrière la neutralité helvétique, se cache une industrie consciente des réalités géopolitiques.
 
Et si la pendule de bureau Rolex trônant désormais sur le bureau ovale symbolisait quelque chose, c’est peut-être cela : le temps diplomatique, celui des négociations patientes, qui finit toujours par peser sur les balances du commerce international !


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