Quand le denim s'adoucit avec de la soie, du cachemire ou de la laine Mérinos

Par Jean-philippe Tarot, Vendredi 3 Octobre 2025 pour Montres-de-luxe.com

Le denim, toile rugueuse de vêtements de travail à l’origine, s’adoucit avec le temps et entre dans le cercle très fermé des toiles d’exception. Momotaro le fabrique en coton et soie quand Loro Piana le propose en coton et cachemire et le Français Atelier Tuffery, en coton et laine Mérinos avec son propre élevage de brebis !


On connait l’histoire du denim… Son départ de France (de Nîmes, d’où son appellation) et son arrivée aux Etats-Unis au milieu de 19ème en même temps qu’un certain Levy Strauss.

Une toile rugueuse, en coton, dure à la tâche, idéale pour les vêtements de travail qui va devenir avec le temps, le tissu le plus utilisé pour les vêtements dans le monde entier.
 
Toutes les grandes marques de luxe ont, un jour ou l’autre, commercialisé des vêtements en denim. De Louis Vuitton à Gucci en passant par Ralph Lauren (bien évidemment qui propose des collections entièrement « denim »), Chanel, Saint Laurent ou Tom Ford. Et bien d’autres !

Lire aussi : Kojima, la ville japonaise dédiée au denim nippon

Au fil du temps, bien évidemment, cette toile a évolué. Le 100% coton s’est modernisé et les marques ont intégré à ce tissu de travail, de l’élasthane pour le rendre plus confortable au porté quotidien. Avec, par exemple, l’intégration de Spandex à hauteur de 2% pour une élasticité moyenne.

Mais ce qui nous intéresse, c’est principalement la montée en gamme de cette toile qui fut pendant des années réservées aux vêtements d’ouvriers, d’artisans, d’agriculteurs, de bucherons, etc.

En effet, depuis quelques temps, le denim s’adoucit et s’associe désormais à de la soie, du cachemire ou de la laine Mérinos.

Par exemple, au Japon, l’un des grands spécialistes du denim, la marque Momotaro a lancé en 2023, une toile denim pour jeans très haut de gamme (15Oz) qui a la particularité d’être fabriquée avec 60% de soie et 40% en coton. Il existe aussi une version en cachemire. 
 
Des pantalons ou des costumes (sur-commande) vendus uniquement au Japon car la production de ce tissu -beaucoup plus doux que le 100% coton- reste très faible.

Pour différencier encore plus cette collection, les boutons sont ici réalisés en argent véritable et massif ! Compter dans les 400 euros (60.000 yen) pour un jean. Une production confidentielle pour connaisseurs.  

De son côté, la maison italienne Loro Piana (groupe LVMH) commercialise une toile CashDenim® qui, comme son appellation le laisse supposer, associe le cachemire au coton.

Un tissu, là encore, fabriqué par des artisans japonais qui restent les spécialistes incontestés en matière de denim ! La ville de Kojima dans le sud du Japon étant entièrement dédiée à ce tissu !

Depuis quelques semaines, Atelier Tuffery, l’un des grands spécialistes hexagonaux du denim, propose cette toile mélangée avec de la laine*.

Et, dans une démarche écoresponsable très tendance, la marque a décidé d’intégrer un troupeau de brebis dans sa chaîne de production textile « afin de produire une laine locale et durable ».
 
En réalité, cela fait près de dix ans qu’Atelier Tuffery collaborait déjà avec les éleveurs de son territoire pour valoriser la laine produite localement.

A ce jour, ce sont plus de 100 tonnes de laine qui ont été réintégrées dans cette filière responsable pour la création de vêtements.

L’an passé, à travers l’opération "Marque de mode recrute berger/bergère", Atelier Tuffery avait déjà posé une pierre à cet édifice, permettant de recruter un couple de bergers salariés pour construire sa propre filière d’élevage et ainsi, soutenir l’agropastoralisme, redonnant un rôle majeur à une laine trop longtemps dévalorisée. Dont acte.
 
Aujourd’hui, la marque franchit une nouvelle étape à travers une initiative inédite en France pour une marque de mode : intégrer son propre troupeau de brebis. Bien plus qu’une production de laine, l’élevage ovin s’annonce tel « un levier majeur pour préserver l’équilibre écologique ».
 
De fait, ce troupeau devrait jouer un rôle clé dans la régénération des territoires et l’entretien des paysages à travers plusieurs missions qui dépassent la seule dimension de l’élevage : la préservation de la biodiversité, la gestion durable des pâturages mais aussi la transmission d’un savoir-faire essentiel. 

La première récolte de laine Mérinos vient d’avoir lieu, il y a quelques mois, c’était en avril dernier. D’ici trois ans, la production annuelle de laine devrait représenter deux tonnes de laine Mérinos à partir de l’élevage propriétaire et dans les 15 tonnes de laine de Lacaune à partir d’élevages français partenaires.
 
Au sein de son catalogue, en plus des jeans en toile 100% coton ou chanvre, Atelier Tuffery propose aussi des jeans (notamment le modèle Alphonse pour hommes, 338 euros) dont la toile est constituée de 35% de laine peignée Mérinos d’Arles et 65% de coton biologique ! Une toile denim française unique.

Jean-Philippe Tarot
 
*Cette démarche autour de la laine complète celle déjà engagée par la marque avec le chanvre et le lin, affirmant son engagement envers des matériaux écologiquement responsables.



À découvrir aussi :