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Rado : Interview de Konstantin Grcic, le designer de la nouvelle Ceramica


Alors que Rado vient de présenter son nouveau modèle Ceramica, un garde-temps totalement mixte en céramique high-tech, son designer Konstantin Grcic revient en détail sur sa relation au temps, sur sa relation avec Rado et sur le processus de création.


Quelle relation avez-vous avec le temps/les montres ?
J'ai une grande notion du temps. J'irais même jusqu'à dire qu'il est essentiel pour moi. Le timing est une discipline qui a aussi un côté sensuel et élégant. Un bon timing est primordial dans la vie. Je l'ai toujours su. J'ai eu ma première montre à six ans et depuis, j'en porte toujours une. Je mets ma montre au réveil et ne la quitte qu'au coucher.
 
Rado est réputée pour son innovation sur les matériaux. Quelle importance ont les matériaux dans votre travail, en tant que designer ?
Les matériaux sont clairement essentiels. Tout ce que nous créons a une dimension physique. De quoi est-ce fait et comment ? La performance et la longévité d'un produit dépendent du choix du matériau. Ce même choix influence aussi la production, un facteur commercial non négligeable. Je ne suis pas un spécialiste des matériaux mais je m'y intéresse énormément et je suis curieux d'en apprendre le plus possible à ce sujet. Plus j'en sais sur les matériaux et leurs contraintes, plus je les utilise efficacement. L'utilisation intelligente et économique du matériau constitue une part importante de ma vision d'un bon design.
 
Vous avez créé une variété impressionnante de produits et de projets tout au long de votre carrière. Vous avez certainement eu de nombreuses opportunités de collaborations. Qu'est-ce qui vous a poussé à accepter l'invitation de Rado à participer à ce projet ?
Les collaborations entre designers et industrie fonctionnent toujours sur plusieurs niveaux. Quand j'ai rencontré l'équipe de Rado pour la première fois, j'ai ressenti une bonne alchimie. Une collaboration réussie repose sur une relation personnelle solide. Le fait de travailler pour une marque horlogère suisse est assez unique. Ce qui m'a attiré chez Rado c'est qu'elle a ajouté sa propre céramique haute-technologie à l'équation. J'étais évidemment très tenté par cet aspect.
 
Aviez-vous eu un lien personnel avec Rado avant ce projet ?
Au tout début de ma carrière, German Vogue m'a proposé de participer à une séance photo promotionnelle pour des montres. L'idée était que chaque personne porte une montre différente. Et pour une raison ou pour une autre, le directeur artistique de German Voque a décidé que je devais porter la Rado Ceramica noire. Ils doivent certainement avoir quelque part dans leurs archives, une photo de cette toute première rencontre entre moi, jeune, et la Rado Ceramica. C'est intéressant de voir que vingt-cinc ans plus tard, Rado me demande de redessiner précisément ce modèle.
 
Quelles ont été vos sources d'inspiration/idées pour redessiner la Rado Ceramica ?
C'est toujours très difficile de revisiter un classique. En tant que designer, vous assumez la responsabilité de ne pas dénaturer l'héritage de l'original. C'est le processus de conception qui vous indique quelle distance vous devez prendre par rapport à l'original. La Ceramica d'origine est toujours aussi extraordinaire. Elle est emblématique et pure. C'est ce qui a inspiré mon nouveau design, non seulement au niveau de sa forme mais aussi de son intransigeance. J'ai choisi d'aborder le projet d'un point de vue très subjectif. Je me suis demandé : qu'est ce qui pourrait transformer la Ceramica d'origine en une montre que je pourrais porter aujourd'hui ?

Pourquoi avez-vous choisi le modèle en édition limitée pour votre montre signature ?
Ce modèle a une finition mate qui, selon moi, met davantage en valeur la forme de la montre. Le design des cadrans est audacieux et clair. Je me suis inspiré des montres de pilote. Je les apprécie pour leur simplicité et leurs graphismes soignés. Personnellement, je pense qu'une montre est avant tout un instrument de mesure du temps. Et je crois que nous avons obtenu ce résultat dans le modèle signature.
 
L'édition est limitée à 701 exemplaires. Ce nombre a-t-il une signification pour vous ?
Rado a suggéré d'en fabriquer 700 exemplaires. J'en ai ajouté un comme mon propre exemplaire personnel.
 
S'agit-il de votre première collaboration avec une marque horlogère ?
Oui. Ma collaboration avec Rado est une première pour moi. L'industrie horlogère, et en particulier celle « fabriquée en Suisse », semble être assez proche des outsiders comme moi. Je comprends tout à fait ce besoin de garder un savoir-faire spécial au sein d'un cercle restreint d'experts. L'industrie automobile est très similaire sur ce point. Toutefois, la moindre occasion d'entrer dans un tel univers avec un regard neuf et impartial permet de déclencher un potentiel créatif intéressant des deux côtés. Le projet Ceramica m'a offert cette possibilité.
 
Quelles difficultés avez-vous rencontrées par rapport à vos autres précédentes créations ?
La grande difficulté pour moi a été l'échelle. Une montre est un objet bien plus petit que tout ce que nous avons l'habitude de créer. À l'ordinateur, nous devions zoomer jusqu'à 10 fois l'échelle d'origine de la montre afin de pouvoir évaluer les plus petits détails, les plus petites proportions. Il est très rare de travailler sur une montre à taille réelle comme nous le faisons avec une chaise ou un autre objet. Les détails des montres se travaillent à très petite échelle : 0,2 mm ou 0,25 mm. Ce n'est pas facile de comprendre ces subtilités, mais elles ont leur importance. Je peux mesurer 2 mm, 3 mm ou 4 mm entre mes deux doigts. Je sais exactement ce que cela représente. En revanche, ça l'est beaucoup moins pour une dimension de 0,05 mm. J'avais l'impression d'apprendre une langue totalement nouvelle.
 
Combien de temps vous a-t-il fallu pour élaborer le design de la nouvelle Rado Ceramica ?
Mon premier contact avec l'équipe de Rado remonte à trois ans exactement. De là, il nous a fallu 4 à 5 mois pour obtenir le premier concept de design. Après, ce n'était que du développement. Chaque détail de la montre a été peaufiné petit à petit. Le développement d'un nouveau produit est souvent long. On pourrait comparer la montre à un petit moteur. Elle doit fonctionner sous chacun de ses aspects. Aujourd'hui, après tout ce temps passé, je suis ravi de porter ma propre montre Rado Ceramica.
 
Comment s'est passée votre collaboration avec Rado ?
Rado est un expert dans son domaine. Elle fait partie de l'industrie horlogère, un secteur très spécialisé. L'avantage de travailler avec ce genre d'entreprises, c'est qu'elles savent parfaitement ce qu'elles font. Elles sont extrêmement déterminées et professionnelles. J'apprécie vraiment cet aspect. Dans le cas particulier de Rado, il y a la céramique haute-technologie qui entre en jeu. Rado, qui possède un savoir-faire incroyable, a développé cette technologie spécialement pour l'horlogerie. La céramique est l'un des matériaux les plus avancés que je connaisse. Et Rado l'utilise depuis très longtemps.

La plupart des montres Rado sont fabriquées en céramique haute-technologie et non en métal. La céramique est moulée par injection sous très haute pression afin de créer un matériau extrêmement dense et dur. Ce type de céramique ne peut pas être comparé à celui utilisé pour la vaisselle. C'est tout à fait différent. Les montres en céramique sont incroyablement résistantes et même plus dures que l'acier. Par ailleurs, la céramique est plus légère que l'acier. Sa température au toucher est aussi beaucoup plus plaisante. La poudre de céramique peut être mélangée à des pigments de couleur, afin de créer diverses tonalités. Elle peut aussi être polie pour obtenir une finition miroir ou traitée avec une finition mate satinée, ce que je préfère personnellement.

Montres-de-luxe.com | Publié le 14 Septembre 2016 | Lu 1929 fois






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