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L'actualité des montres de luxe et des marques horlogères de prestige

Portrait de Bernard Cheong, l’un des plus grands collectionneurs asiatiques de haute horlogerie


Rencontre avec le Dr Bernard Cheong, un grand collectionneur de montres-bracelets célèbre pour ses goûts originaux, mais aussi et surtout, réputé pour ses connaissances horlogères hors du commun. En Asie, et plus particulièrement à Singapour d’où il est originaire, l’homme aux grosses lunettes noires est devenu incontournable dans le milieu de l’horlogerie de luxe. Sa collection, surnommée la « Dream Watches », compte plus d’une centaine de pièces exceptionnelles (certaines sont uniques).



Bernard Cheong
Des responsables de grandes marques, mais aussi quelques horlogers indépendants n’hésitent pas à faire appel à ses avis éclairés sur leurs nouveaux produits…

Bien que n’étant pas « un professionnel du secteur », sa notoriété est telle que depuis des années il participe en tant que juré à de nombreux concours : le Grand Prix de l’Horlogerie de Genève en 2010 ou encore, dernièrement, A Journey Through Time IV à Kuala Lumpur en Malaisie.

Sa grande fierté ? Avoir participé à la promotion de Singapour comme place de premier ordre dans le domaine des « Watches Collectors ».

Bernard Cheong et sa femme Dolly en compagnie de Maximilian Busser
Votre toute première montre ?

Ma première pièce « importante et collectionnable » a été ma Seiko Chronograph datant des années 70. Je la possède toujours d’ailleurs. J’ai aussi conservé une Citizen sans grande valeur, achetée dans les années 60 par mes parents.

Mais la première belle montre que je me suis offerte avec mes propres deniers, c’était une Omega Seamaster Titane datant de 1982. C’est un modèle que j’aime beaucoup et pas seulement parce que ce fut la dernière montre que Monsieur Hayek portait quotidiennement.


Votre tout dernier achat ?

Ma toute dernière acquisition est une montre à 150 euros. Un garde-temps pour lequel j’ai craqué et qu’un ami japonais m’a ramené du Japon. Il s’agit d’une Seiko 5 Diver’s plaquée or. Elle a un look absolument génial. Comme toutes mes montres, elle a une âme, une histoire liée à ma vie et à mes envies.

Votre prochain achat ?

Je ne peux pas encore vous en parler car c’est une montre très spéciale ! Une pièce unique que me confectionne un des horlogers les plus talentueux du moment. Promis, je la présenterai aux collectionneurs français très prochainement.

Êtes vous plutôt un acheteur réfléchi ou compulsif ?

Un peu des deux ! Et je vais vous expliquer pourquoi... Les montres que je possède représentent toutes une partie de moi, un moment de ma vie. Certaines sont des cadeaux de mon épouse pour un anniversaire de mariage ou pour une fête particulière. D’autres sont des montres que j’envisageais de m’offrir depuis longtemps ou des commandes spéciales basées sur quelque chose d’existant. C’est pour cela que j’estime que chacune de mes montres est une œuvre d’art, car elle possède sa propre personnalité.

Il y a des montres que j’adore ; qui sont des évidences dans ma collection comme tous les opus MB&F, la Lange 1 ou encore la Vianney Halter Antiqua. Et il y en a d’autres qui se sont révélées à moi à un moment précis, comme la Grand Seiko que j’ai achetée à l’occasion de ma visite de la manufacture à Morioka en septembre dernier. Le temps de réflexion n’est pas lié au prix de la montre ni à sa complexité, mais plus à l’opportunité. Tout dépend du temps nécessaire pour que l’alchimie se réalise. Mais les plus belles sont les surprises que Dolly (ndlr : son épouse) m’a offertes. Elle me connaît comme personne et de grands horlogers s’accordent à dire d’elle qu’elle est meilleure connaisseuse en horlogerie que moi !


Quelles sont les trois caractéristiques indispensables pour qu'une montre vous plaise ?

Tout d’abord, je veux qu’elle ait une histoire. Cette histoire peut lui être propre ou m’être liée. Je choisis aussi une montre pour son esthétique. Il faut donc qu’elle me plaise selon mes canons de beauté. Enfin, je regarde toujours l’effort et l’énergie dépensée par l’horloger qui l’a réalisée. Je suis très respectueux de leur travail. Un Dufour, un Halter, ou un Speake-Marin va toujours donner tout ce qu’il a dans le ventre pour la réalisation d’une pièce exceptionnelle. Et cette pièce rejoindra assurément ma collection !

Plutôt montres modernes ou montres vintages ou de collection ?

Je suis aujourd’hui résolument tourné vers les montres contemporaines. Voire les montres avant-gardistes. J’ai eu ma période « Montres de poches » entre 1993 et 1999, mais cela a été une simple phase de ma collection.

Vos achats, en neuf ou d'occasion ?

Pour moi le relationnel est primordial. Mes montres étant toujours -ou presque toujours- des nouveautés, je les acquiers dans le réseau des « détaillants » ou en achat direct si l’horloger n’a pas de réseau. Ces achats neufs, dans un réseau officiel, me permettent d’entretenir de bonnes relations de confiance avec les détaillants mais aussi, avec les horlogers. Je n’achète pas mes pièces égoïstement pour les cacher dans un coffre-fort. Bien au contraire, je les affiche pour en faire profiter les amateurs et pour montrer le savoir-faire de ces artistes que j’admire tant. Mes montres sont vivantes et je ne les achète pas à des fantômes.

Vos trois marques préférées ?

C’est très difficile à dire car j’aime toutes mes montres et j’aime de nombreux horlogers. Mais je vais vous donner trois marques avec des esprits différents qui formeront un panel de ce que j’aime. Tout d’abord, MB&F dont je possède toutes les Horlogical Machines (dont certaines en double) pour le talent pur, ensuite Richard Mille pour l’audace et enfin, Seiko pour l’esprit.

Vos trois montres préférées ?

Ma première, ma prochaine, et ma dernière…

Comment avez-vous connu Passion Horlogère ?

J’ai connu Passion Horlogère par l’intermédiaire de son président, Thierry Gasquez, que j’ai rencontré au Japon en septembre dernier. Nous avons bien sympathisé et j’ai été charmé par l’homme et par ce qu’il réalise avec son association. Avec si peu de moyens et énormément de travail, il démontre que la passion peut être contagieuse, donc partagée. C’est un concept nouveau qui ébranle le comportement habituellement solitaire du collectionneur. Je l’ai revu en décembre en Malaisie et nous avons convenu de nous revoir en France très prochainement pour que je puisse rencontrer et rejoindre ses amis de Passion Horlogère. Je suis très excité à l’idée de retrouver des amateurs français. La France n’est-elle pas le pays de l’élégance ?

Montres-de-luxe.com | Publié le 12 Janvier 2011 | Lu 12662 fois