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Vulcain Cricket Nautical : la montre de plongée qui sonne sous l’eau…


Depuis que l’horlogerie contemporaine existe, les montres de plongée ont toujours fasciné les amateurs de beaux garde-temps… De par son design inimitable et ses performances techniques hors-normes (étanche 300 mètres, indication des paliers de décompression bien spécifique, acier amagnétique pour le boitier et surtout, capable de sonner sous l’eau), la Vulcain Cricket Nautical fait incontestablement partie des montres mythiques. Retour sur ce modèle réédité à l’identique en 2011, mais qui fut lancé, à l’origine, en 1961…



Vulcain Cricket Nautical : la montre de plongée qui sonne sous l’eau…
Les montres de plongée réellement performantes font leur apparition dans le courant des années 1950 (1953 pour la Fifty Fathoms de Blancpain et pour la Rolex Submariner de Rolex).

Auparavant, les problèmes liés à l’étanchéité en milieu subaquatique n’avaient pas été résolus avec suffisamment d’efficience pour que les montres mécaniques puissent accompagner en toute sécurité les amateurs de fonds marins.

Car la montre de plongée est à la montre-bracelet ce que l’avion à réaction est aux bimoteurs à hélice ! expression ultime de la montre sportive, la montre de plongée vient en effet rappeler que l’horlogerie technique n’est pas uniquement caractérisée par la complexité de ses mécanismes, mais qu’elle se doit d’être également à la pointe en matière d’habillage.

Et la montre de plongée a précisément toujours permis aux marques suisses de démontrer l’étendue de leur savoir-faire et de leurs capacités à produire des garde-temps d’une fiabilité extrême. En effet, ces instruments mécaniques utilisés en plongée résistent à des pressions phénoménales et affichent une résistance –notamment aux chocs– exceptionnelle.

C’est dans ce contexte particulièrement concurrentiel que Vulcain signe une nouvelle avancée technique spectaculaire en 1961. Avec la présentation de la Cricket Nautical, la manufacture chaux-de-fonnière démontre alors sa capacité à associer deux performances a priori antinomiques : réaliser à partir d’un boîtier parfaitement étanche une montre-alarme clairement audible sous l’eau.

L’étanchéité étant par nature associée au caractère hermétique d’un objet, parvenir à diffuser un son de l’intérieur à l’extérieur de ce même objet était jusque-là considéré comme un défi irréaliste...

Instrument novateur, la Vulcain Cricket Nautical fait immédiatement sensation dans l’univers de la plongée sous-marine. Répondant par ses caractéristiques techniques aux exigences de sécurité des plongeurs, ce modèle est issu de la mise en commun de diverses compétences : celles de trois experts auxquels les constructeurs de Vulcain ont choisi de s’associer pour développer la première montre de plongée munie d’une alarme audible sous l’eau.
 

Vulcain Cricket Nautical : la montre de plongée qui sonne sous l’eau…
Hannes Keller, plongeur bardé de records et mathématicien, Max-Yves Brandily, explorateur et réalisateur, et Arthur Droz, instructeur national de plongée et délégué C.I.A.S. (Centre d’Investigations et d’Activités SousMarines), ont ainsi puisé dans leurs expériences pour créer avec la Manufacture Vulcain la première montre disposant à la fois d’une alarme, d’une indication claire des paliers de décompression et d’une étanchéité garantie à 300 mètres. Une profondeur qui équivaut à une pression de quelque 30kg/cm2 !

La première contrainte a été de concevoir un instrument capable d’informer le plongeur que sa période de plongée touchait à sa fin et qu’il était temps pour lui de rejoindre la surface. Le fameux calibre 120 Cricket offrait cette fonction d’alarme.

Restait à trouver un moyen de diffuser efficacement le son sous l’eau. Pour ce faire, les ingénieurs de Vulcain développèrent un boîtier de 42 mm de diamètre. Une taille aujourd’hui largement répandue mais qui cassait les codes de l’époque dès lors que les montres-bracelets affichaient des diamètres proches de 30 mm ! Et la vérité oblige à dire que cette dimension imposante fut à l’époque un frein au succès commercial de ce produit d’avant-garde.

Doté d’un triple fond nécessaire à assurer à la fois l’étanchéité et faire chambre de résonance, le boîtier était réalisé en acier amagnétique spécialement conçu afin de protéger l’ensemble des traitements rigoureux infligés par l’eau de mer. Grâce à ce boîtier totalement novateur, le timbre résonnait si puissamment que les plongeurs pouvaient s’entendre au-delà de leur champ d’acuité visuelle.

La seconde contrainte fixée dans le cahier des charges consistait à afficher clairement les temps d’arrêt aux paliers de décompression. D’ordinaire, les marques utilisaient une lunette tournante unidirectionnelle pour remplir cette fonction. Vulcain prend alors une direction inédite en remplaçant cette lunette par deux cadrans superposés.

Vulcain Cricket Nautical : la montre de plongée qui sonne sous l’eau…
Au-dessus du cadran inférieur fixe, un second cadran tournant -ajustable au moyen d’une couronne- présente une ouverture rectangulaire à travers laquelle le plongeur peut lire les temps d’arrêts nécessaires aux paliers classiques de 9, 6 et 3 mètres en fonction de la profondeur et de la durée de la plongée. De plus, la lecture des indications sur le cadran est améliorée par l’utilisation d’un matériau fluorescent (nouveau à l’époque) et contenant du tritium.

La question de l’étanchéité fut également réglée à satisfaction par l’utilisation, en lieu et place du verre minéral traditionnel, d’une matière plastique nouvelle particulièrement résistante et parfaitement ajustable. Autre problématique liée à l’eau, l’usure précoce des matières et en particulier le cuir.

Pour éviter la perte de la montre par la rupture d’un bracelet devenu cassant, Vulcain choisit d’utiliser du caoutchouc plutôt que du cuir. Là encore, la marque se distinguait par une approche inédite et trouvait en même temps un moyen d’accélérer le séchage de l’ensemble.

Grâce à ces innovations techniques, la Cricket Nautical portée par Hannes Keller atteint sans dommages une profondeur proche de 250 mètres le 3 novembre 1966 à Toulon. Dans la chambre à haute pression se trouvait également le célèbre Commandant Cousteau, qui put ainsi confirmer ce nouveau record de plongée où la pression atteignait environ 22 kg/cm2.

Rappelons que « la seule montre au monde qui sonne sous l'eau » doit beaucoup aux exploits d'un homme hors du commun, Hannes Keller. Depuis son école de recrue, ce Zurichois est passionné par la plongée : au service militaire, un camarade avait révélé au jeune Keller les beautés de la vie sous-marine.

Un manuel pratique de plongée lui apprend alors qu'un savant suédois prétend qu’on peut plonger en simple habit d'homme-grenouille à des profondeurs réputées dangereuses et accessible seulement en lourd scaphandre. La plongée sous-marine n'avait à priori rien à voir avec Vulcain.

Sans accès à la mer, la Suisse est pourtant riche en pionniers de découvertes maritimes : pensons à Jacques Piccard (avec Rolex) et ses explorations des profondes fosses des Mariannes et aux victoires, plus récentes, des « marins d'eau douce » helvètes dans les courses hauturières ou la régate la plus prestigieuse du monde.

En 1959, les exploits répétés d'Hannes Keller sont parvenus aux oreilles des dirigeants de Vulcain. Ils décident alors de mettre au point, sur ses conseils, une montre indiquant précisément les paliers de décompression : la célèbre Nautical est en train de naitre.

Il faut savoir qu'avant Keller, les plongeurs en scaphandre craignaient le mal des caissons, des pertes de connaissance entraînant la mort si de très longs paliers de décompression n'étaient pas observés. Pour plonger à 155 mètres de profondeur, on estimait qu'il fallait au minimum 5 heures par palier pour remonter sain et sauf. Keller a prouvé qu'on pouvait y arriver en 30 minutes...

Lors de sa première tentative d’atteindre 155 mètres de profondeur dans le Lac Majeur, avec un mélange révolutionnaire de gaz –calculé par un professeur de l’EPFZ– et des temps de décompression fortement raccourcis, Keller n’attire pas les foules… Seul, un journaliste du jeune quotidien Blick y assiste. Mais la nouvelle fait le tour du monde : plus de 500 articles de presse le mentionnent, les actualités cinématographiques rendent immédiatement le plongeur célèbre.

Vulcain Cricket Nautical : la montre de plongée qui sonne sous l’eau…
Keller battra ensuite son propre record vers l’île de Catalina, au large de Los Angeles. Il avait dû se rendre aux USA, car la marine américaine refusait de croire que pareil exploit était réalisable.

Le 2 décembre 1962, il descendit à 315 mètres, distance clé : c’est la profondeur moyenne des bas-fonds autour des terres émergées, ou plateaux continentaux. Il ouvrait ainsi une surface de plusieurs millions de kilomètres carrés à l’exploration sous-marine, minière et pétrolière surtout. Ce fut une réussite extraordinaire pour Vulcain que d’avoir Keller comme porte-drapeau.

En 2011, Vulcain a rendu hommage à ce modèle de légende et a opté, pour une réédition en tous points fidèles, « mais anoblie de qualités de robustesse, fiabilité et excellence que permettent les technologies actuelles ».

Célébrant le cinquantième anniversaire du modèle original, The Nautical Heritage Limited Edition répond à toutes les caractéristiques dont doit se prévaloir un modèle de plongée. Son calibre Cricket Vulcain V-10 à remontage manuel est doté de deux barillets, un pour délivrer l’énergie nécessaire aux fonctions heures, minutes et secondes, l’autre pour assurer la fonction alarme-réveil et ses 15 à 20 secondes de sonnerie. Il bat à 18'000 alternances par heure et présente une réserve de marche de 42 heures.

Le triple fond gravé du boîtier rend hommage au passé historique du modèle Nautical de 1961 et arbore les numéros de brevets et les inscriptions Swiss Patents et US Patents qui figuraient à l’origine.

Montres-de-luxe.com | Publié le 25 Septembre 2012 | Lu 13554 fois






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