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Six photographes en quête de savoir-faire horlogers pour une expo transfrontalière


D'ici la fin de l'année 2020, une étape importante en matière de sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel dans le domaine de l’horlogerie et des arts mécaniques pourrait être atteinte grâce à l’inscription des savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art sur la Liste représentative
de l’UNESCO.


La perspective de cette inscription est l’occasion de se pencher sur la notion de patrimoine immatériel, de réfléchir à la manière de le documenter et de le confronter aux contextes et aux enjeux actuels des politiques culturelles et économiques.
 
C'est pourquoi, le musée du Temps de Besançon et le musée international d'horlogerie de La Chaux-de-Fonds (MIH), en collaboration avec l'association Nuit de la Photo à La Chaux-de-Fonds, se sont associés pour la réalisation d’une exposition temporaire commune traitant la question du Patrimoine culturel immatériel sur le territoire de l’arc jurassien franco-suisse.
 
Ils ont choisi de l’aborder au travers de la photographie en tant que production artistique contemporaine à même de proposer des approches nouvelles et sensibles du patrimoine horloger.
 
Six photographes, issus d'un concours, sont mandatés par les deux musées pour réaliser ce travail. L’exposition se déroulera de novembre 2020 à novembre 2021. Elle fera l’objet d’un catalogue et d’une communication communs aux deux établissements. Les images seront également projetées lors de la Nuit de la photo organisée en février 2021 à La Chaux-de-Fonds.
 
Les photographes sont actuellement à l'œuvre dans les ateliers, entreprises, musées et écoles de la région horlogère franco-suisse.
 
Jean-Christophe Béchet
Né en 1964 à Marseille, Jean-Christophe Béchet vit et travaille depuis 1990 à Paris. Mêlant noir et blanc et couleur, argentique et numérique, 24x36 et moyen-format, polaroids et "accidents" photographiques, Jean-Christophe Béchet cherche pour chaque projet le "bon outil", celui qui lui permettra de faire dialoguer de façon pertinente une interprétation du réel et une matière photographique.
 
Héritier de la « photo de rue », qu’elle soit américaine, française ou japonaise, il aime parler de ses photographies comme des « Paysages habités ». Ses photographies sont présentes dans plusieurs collections privées et publiques et elles ont été montrées dans plus de soixante expositions depuis 1999.
 
Clocks and clouds
L’horlogerie et la photographie, voilà assurément deux arts qui ont à l’évidence de nombreux points communs (ndlr, cf. l’appareil-photo de Jaeger-LeCoultre). Le rapport au temps, d’abord, bien sûr, et à la maitrise des centièmes de seconde qui deviennent ensuite intemporels. Mais aussi le dialogue qu’ils instaurent entre la mécanique de précision et le besoin de poésie, d’esthétique et de liberté.
 
C’est ce dialogue que Jean-Christophe Béchet veut mettre en évidence dans ses photos en s’appuyant sur la théorie musicale du grand compositeur contemporain György Ligeti (1923-2006). Dans sa création, il a cherché à faire jouer ensemble les "clocks" et les "clouds".
 
Les "horloges" symbolisent la présence technologique et mathématique et les "nuages" représentent la poésie, l’inspiration intuitive et fulgurante, qui permet de lutter contre le seul pouvoir de la technologie. Jean-Christophe Béchet va donc créer des diptyques photographiques où il associera des images de mécanique horlogère avec des paysages de l’arc jurassien, français et suisse.
 
Ainsi il fera dialoguer un territoire, et sa géographie intime, avec la fascination que chacun éprouve pour ces mécaniques complexes. Il utilisera les deux langages de la photographie, le noir et blanc et la couleur, pour mieux mettre en évidence cette confrontation.
 
Thomas Brasey
Thomas Brasey, né en 1980, vit et travaille à Lausanne. Après avoir terminé un doctorat en chimie organométallique, il renonce à percer les secrets de la matière et se réoriente vers la photographie. Il obtient un bachelor en communication visuelle (ECAL, 2011) et développe depuis une approche personnelle de la photographie documentaire, dont il aime complexifier le propos en confrontant différents langages photographiques.
 
Jouant sur les tensions entre faits historiques et représentations, il cherche à dépasser ses sujets et à susciter chez ses spectateurs des réflexions d’ordre plus universel. Ses travaux ont fait l’objet de plusieurs expositions en Suisse, en Europe, et au Brésil. Il est l’auteur des monographies Un territoire, une rivière. Ni hommes ni bêtes.
 
Arcanes
Un voile de mystère recouvre le monde de l’horlogerie : ses secrets semblent être détenus par quelques initiés et le profane qui chercherait à comprendre le fonctionnement d’un garde-temps pourrait, de guerre lasse, admettre que ses rouages sont actionnés par quelque force magique.
 
Tout aussi mystérieux sont les gestes souvent microscopiques effectués par les horlogers : pratiquement inobservables, ces opérations en quelque sorte banales – limage, tournage, fraisage, … – accouchent de pièces d’une précision et parfois d’un raffinement à peine imaginables.
 
Le projet de Thomas Brasey explore cette tension entre le banal et le mystérieux, entre le visible et l’invisible.
 
Raphael Dallaporta
Raphaël Dallaporta est un photographe français, lauréat du prix Niepce en 2019. Son œuvre, réputée pour la rigueur de ses protocoles de prises de vues, crée des connections insolites entre l’histoire, les sciences, les arts et la technologie. Il élabore des séries photographiques en complicité avec des chercheurs depuis une quinzaine d’années, et rend visibles des objets ou territoires, respectivement cachés ou inaccessibles.
 
Son travail explore la neutralité photographique et son ambiguïté avec une certaine lucidité, en cherchant toujours à mieux interroger la relation que le progrès entretient avec notre évolution. Il est exposé en 2004 et en 2006 aux Rencontres d’Arles et devient lauréat du Jeune Photographe aux ICP Infinity Award en 2010.
 
En 2014, il est pensionnaire de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis. Le photographe obtient en 2015 l’autorisation du ministère de la Culture d’accéder dans la Grotte Chauvet et d’y réaliser sous la forme de panorama une restitution remarquable.
 
Il rejoint, en 2018, le programme de recherche du Fonds Physique de l’Univers. Chacun de ses projets a été finalisé par une publication monographique aux éditions Xavier Barral ou Gwinzegal. Il va publier, en septembre 2020, Équation du Temps avec The Eyes publishing.
 
Mouvement du Monde
C’est dans l'interstice tangible de l’horlogerie et de l’astronomie… toutes deux filles du temps, que Raphaël Dallaporta, en poursuivant son oeuvre collaborative, interroge la part immatérielle des savoir-faire en mécanique d’art transmis pour des générations, à partir d’une expérience photographique de mise en lumière avec les conservateurs et restaurateurs du MIH de ce qui a été considéré au temps de Charles Quint, comme la 8e merveille du monde : l’Astrarium de Dondi.
 
Cette horloge reproduisant les mouvements des planètes dans le cosmos, ayant malgré l’admiration des puissants, disparue en plein âge de gloire de la Renaissance, est aujourd’hui reconstituée grâce aux talents horlogers et à l’étude savante de descriptions manuscrits, bien préservés.
 
Christophe Florian
Christophe Florian (1971) a étudié la photographie à Paris où il a vécu pendant douze ans. Après une formation en art dramatique et des études de design à l’afedap, il répond à des commandes de différentes marques joaillières en Île-de-France.
 
Ce double enracinement dans les milieux artistiques et industriels s’exprime bientôt par des travaux photographiques orientés vers l’architecture et les mondes urbains. Si sa maîtrise des techniques graphiques se manifeste dans la réalisation de documentation industrielle – mise en valeur de produits, reportages, catalogues –, sa sensibilité se révèle tout autant dans les différents projets artistiques menés ces dernières années.
 
Entre 2015 et 2017, il signe une investigation esthétique autour des restes de marquages jonchant les rues, Le Peuple du bitume, qui fait l’objet de plusieurs expositions. Aujourd’hui professionnellement indépendant, il conduit parallèlement à ses mandats des travaux originaux parmi lesquels Chambres avec vue, immersion empathique dans les maisons de retraite.
 
Hu/Mains
L’outil sans la main n’est rien. Il faut de l’humain pour que le geste prolonge la pensée et modèle la matière. Il faut l’intention pour que l’idée s’incarne dans une forme durable. Mais l’objet manufacturé, aussi stable soit-il, ne porte qu’un fragment de la mémoire du geste. Il n’est qu’une trace.
 
Guillochage, rhodiage, décolletage, ingénierie, émaillage et tant d’autres arts inscrits dans la durée sont au cœur de cette investigation à laquelle il convient d'ajouter la parole retranscrite de celles et ceux qui manient les outils. Hu/Mains, comme projet photographique ancré dans la réalité, aspire ainsi à valoriser un territoire tout autant géographique qu’imaginaire au sens d’indicible.
 
De la Franche-Comté aux Montagnes neuchâteloises, de la manufacture industrielle aux ateliers d’artisans, des restaurateurs aux développeurs, un protocole identique conduit la prise d’images. Toujours la main et l’humain sont-ils au centre de la démarche afin de focaliser l’attention simultanément sur le visible - binoculaire, pigments, brucelles, échappements, poinçons… - comme sur l’invisible – une identité partagée.
 
Joseph Gobin
Joseph Gobin est un photographe français qui a grandi entre lac et montagnes avant de vivre à Lyon, Paris et Hanoi. Durant ses premières années de photographie, il se concentre sur l’Homme au travail et documente plusieurs corps de métiers. Il décide ensuite de remonter aux racines du savoir-faire et s’intéresse à différents schémas d’apprentissage: élève/maître, parent/enfant, professionnel/apprenant, militaire/recrue.
 
Aujourd’hui, le travail photographique de Joseph Gobin se focalise principalement sur la notion de transmission. Comment les biens, les habitudes, les connaissances et la mémoire passent-ils du présent au futur et d’une personne à l’autre ?
 
Pour lui, le médium photographique nous interroge sur la relation au temps. Prendre une photo du présent, c’est avoir en face de soi le résultat du passé. C’est voir, après cette instantanéité, ce que deviendra le passé.
 
Face à face
Dans le cadre de l'exploration du patrimoine immatériel, Joseph Gobin souhaite se concentrer sur l’individu lui-même, témoigner de la flamme intérieure qui l’anime et le pousse à la quête du savoir. Afin de mettre en relief les notions d’engagement, de vocation et de passion, il réalisera une galerie de portraits posés, d’étudiants, d’apprentis et d’adultes en perfectionnement ou reconversion. Dans ses séries, Joseph Gobin est en perpétuelle recherche d’équilibre entre esthétique, factuel et imaginaire.
 
Marie Hudelot
Marie Hudelot, née à Toulon en 1981, vit et travaille à Vitry-sur-Seine. Après des études de cinéma à Montpellier, Marie Hudelot poursuit une formation en photographie et multimédia à l'université de Paris 8. Elle marque son intérêt pour le portrait, l'identité, l'étude du corps et la performance et obtient un master en 2006.
 
Nourrie d’éléments autobiographiques, l'artiste met en scène son héritage familial qui se situe entre les deux rives de la méditerranée. Ses images questionnent l’identité et la transmission dans un contexte de métissage culturel. Marie Hudelot imagine de nouvelles formes de représentations mémorielles dans une dimension prospective.
 
Elle crée des totems et des archétypes imaginaires qu’elle photographie sous la forme de portraits envisagés comme une expérience de l’Altérité. Son travail circule dans toute l'Europe, il est publié dans la presse internationale et exposé dans de nombreux festivals et institutions culturelles.
 
Tempologie
Dans son travail, Marie Hudelot aime susciter de nouveaux points de vue et expériences visuelles et s'amuse à revisiter les codes de représentation par l'emploi du détournement d'objets et d'accessoires. Dans le cadre de son projet, Marie Hudelot souhaite représenter l'univers horloger de l'arc jurassien en réalisant un ensemble de totems se référant à un cabinet de curiosité d'un nouveau genre.
 
Ses explorations et immersions auprès des détenteurs des savoir-faire horlogers lui permettront de voyager dans le Temps à travers des époques et des générations pour façonner et donner à voir une nouvelle typologie folklorique horlogère où la photographie devient le vecteur d'une transmission technique mais aussi d'une histoire individuelle, familiale et collective.

Montres-de-luxe.com | Publié le 20 Juillet 2020 | Lu 3122 fois






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