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Une région au rythme du temps : un beau livre sur Longines et sa région


Avec la parution de « Une région au rythme du temps. Histoire socio-économique du Vallon de Saint-Imier et ses environs, 1700-2007 », La Compagnie des Montres Longines Francillon SA à Saint-Imier n'en est pas à son coup d'essai. Plusieurs parutions ont en effet accompagné les moments forts de son histoire. Toutefois, pour marquer son 175e anniversaire, Longines a pourtant souhaité se démarquer des précédentes expériences, en réalisant non pas une histoire d'entreprise, mais, celle, plus large, de la région qui l'a vu naître, où elle a puisé ses forces et dans laquelle elle continue à se développer. C'est donc de l'histoire socio-économique de l'ensemble du district de Courtelary dont il s'agit, depuis ses premiers pas, au XVIIIe siècle, jusqu'à nos jours. Un travail qui n'avait jamais été entrepris auparavant.



Une région au rythme du temps
La recherche et la rédaction ont été confiées à Laurence Marti, docteur en sociologie et historienne originaire du Jura bernois, par l'intermédiaire du Centre jurassien d'archives et de recherches économiques et de Mémoires d'Ici, centre de recherche et de documentation du Jura bernois, à Saint-Imier.

La mise en valeur d'une spécificité régionale
Le développement socio-économique d'une région est toujours « le résultat d'une alchimie particulière entre facteurs économiques, sociaux, culturels, institutionnels et politiques » et le but de ce livre est de rendre compte de cette alchimie, qui, depuis trois siècles, confère toute sa force et sa spécificité à cette région.

La force de l'horlogerie
L'histoire de l'horlogerie régionale y occupe bien sûr une place prépondérante, elle qui ne cesse d'y imprimer sa marque depuis trois cents ans et qui continue à en être l'un des éléments forts. On l'ignore souvent, le vallon de Saint-Imier a joué un rôle de véritable pépinière d'horlogers, puisqu'il a vu naître un grand nombre de sociétés aujourd'hui prestigieuses : Longines, bien sûr, mais aussi des noms tels que Chopard, Heuer, Breitling ou Blancpain, qui tous y ont fait leurs premiers pas.

En lien avec l'horlogerie, il faut évoquer aussi un type de développement particulier, longtemps appelé établissage, basé non pas sur la grande entreprise, mais sur un réseau de nombreuses petites et moyennes structures très dynamiques et fortement interdépendantes, travaillant selon un principe très poussé de division du travail. C'est sur de telles bases que s'est construit dès le XVIIIe siècle et que continue en partie à se construire le développement économique de la région.

Mais dès le XVIIIe siècle, le district expérimente aussi le modèle de la fabrique avec des essais de mécanisation et de verticalisation de la production. Dans ce contexte, l'entreprise Longines s'illustre tout particulièrement, elle qui très tôt cherchera à rationaliser sa production et qui deviendra dès la fin du XIXe siècle la plus grande entreprise du district. Elle sera suivie par d'autres, qui toutes vont marquer le paysage régional de la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 1960.

Devenue membre du Swatch Group, la maison Longines est l'une des seules à continuer à s'y développer aujourd'hui encore, et elle y est toujours l'entreprise horlogère la plus importante.

Petite entreprise et grande structure ne fonctionneront jamais de manière séparée, et toute la spécificité de l'histoire régionale réside dans ces relations très complexes qui interviendront entre un réseau diffus et un ensemble de structures plus importantes.

Atelier de réglage Longines (1911)

Laurence Marti
La diversification
L'horlogerie n'a été ni la première, ni la seule industrie régionale. Ainsi le livre ne manque pas d'évoquer l'industrie textile, très présente au XVIIIe siècle, l'industrie extractive, dont les Ciments Vigier SA à Reuchenette sont encore un représentant actif, ou l'industrie alimentaire, avec les Chocolats Camille Bloch SA à Courtelary.

L'horlogerie a elle-même suscité des formes de diversification avec le développement important de l'industrie des machines et aujourd'hui celui des microtechniques. Quelques-unes des plus grandes entreprises (Straumann SA, Sonceboz SA) de la région oeuvrent désormais dans ce dernier domaine.

Des configurations sociales et géographiques particulières
L'histoire économique, ce sont aussi des hommes et des femmes, des établisseurs, des patrons, des fabricants et des ouvriers. Qui sont-ils, d'où viennent-ils ? Qui sont les acteurs de cette histoire régionale ? Questions incontournables dès lors que l'on veut comprendre l'ancrage social du développement économique.

Ce sont aussi des savoir-faire et des cultures qui se transmettent, des relations qui se nouent et des problèmes à résoudre, comme le chômage ou la question du logement. Comprendre la spécificité du développement régional, c'est donc aussi suivre la reconstitution d'un compromis entre de nouveaux acteurs, pour assurer la paix sociale et pour instaurer de nouvelles structures d'entraide et de soutien.

Se concentrer sur le district de Courtelary oblige enfin à s'interroger sur le rapport d'une économie à son territoire. Non seulement les frontières politiques ne recoupent pas les frontières économiques, mais celles-ci sont souvent elles-mêmes très flexibles. Les lieux les plus dynamiques vont se déplacer au cours des siècles (du haut du vallon vers Saint-Imier et Tramelan) et les voies suivies en matière d'industrialisation ne seront pas identiques entre localités.

De plus, de nombreux liens n'ont pas cessé de s'établir au cours des siècles avec les régions proches (le reste du Jura bernois, les Montagnes neuchâteloises, la Franche-Comté, etc.) ou lointaines. Aujourd'hui plus que jamais d'ailleurs, à l'heure de l'internationalisation des structures économiques. Quelle est la nature de ces liens, leur évolution, quelle place y occupe le district ? Des questions qui sont elles aussi abordées dans le livre.

Un beau livre
Ce sont donc ces différents aspects, et la manière dont ils se conjuguent et se réorganisent au fil du temps que le lecteur est invité à découvrir tout au long des 384 pages qui composent le livre.

Quatre grandes parties rendent compte des étapes significatives du développement régional. Elles ont pour titre : les premiers pas de l'industrie en Erguel (1700-1814), la domination horlogère (1815-1914), le triomphe des fabriques (1915-1970) et une transformation profonde (1971-2007). Réalisé par Patrick Linder, jeune historien imérien, un recensement inédit des comptoirs, fabriques, etc. ayant œuvré dans la région entre 1851 et 2005 s'ajoute au texte principal.

Mais le livre n'est pas qu'un livre à lire, c'est aussi un livre à voir. Réalisé dans un grand format (300 x 300mm), un accent tout particulier a été mis sur l'iconographie, avec plus de 450 photos, cartes, tableaux ou graphiques illustrant le texte, ainsi que sur la qualité de la mise en pages confiée à Hot's Design & Communication à Prêles.

Longines a donc réuni tous les atouts pour que ce livre fasse date non seulement dans sa propre histoire, mais plus largement dans celle de la région tout entière.

Tiré à 3.000 exemplaires, le livre est disponible en version française et anglaise au prix de 70 FRS.

Une région au rythme du temps
Histoire socio-économique du Vallon de Saint-Imier et ses environs, 1700-2007.
Par Laurence Marti
Editions des Longines,
384 pages, 2007

Montres-de-luxe.com | Publié le 23 Mars 2007 | Lu 8374 fois






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