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Genève/Moscou, juillet 2009 : rencontre entre l’horloger Denis Asch et Alexander Vetrov, rédacteur en chef de Armband Uhren


La semaine dernière, Alexander Vetrov, rédacteur en chef de Armband Uhren à Moscou (Russie), a répondu aux questions de Denis Asch sur le marché russe et l’histoire horlogère en Russie, du 18ème siècle à nos jours. Voici quelques morceaux choisis de leur conversation, qui s’est déroulée par ordinateurs interposés.



Genève/Moscou, juillet 2009 : rencontre entre l’horloger Denis Asch et Alexander Vetrov, rédacteur en chef de Armband Uhren
Denis Asch : Au 18ème siècle, à l’époque de Catherine la Grande, la Russie comptait plusieurs ateliers d’horlogerie. Pouvez-vous m’en dire plus ?

Alexander Vetrov : En effet, Catherine la Grande tenta de développer une industrie horlogère en Russie et trois manufactures furent créées durant son règne. Cependant, l’aventure ne dura que quelques dizaines d’années et toutes avaient déjà disparu au début du 19ème.

Je ne peux vous dire les raisons exactes de cet échec. Peut-être cet artisanat ne correspondait-il pas suffisamment au caractère profond des Russes. Les taxes, qui imposaient alors les produits de luxe, ont également dû jouer un rôle important. En réalité, les entreprises telles que Moser & Cie – fondée par l’horloger Heinrich Moser à St Petersbourg en 1828 – tenaient plus de l’atelier d’assemblage que de la manufacture proprement dit et produisaient des montres de grande qualité à partir de mouvements et composants suisses et français.

Pourtant, il y avait à cette époque en Russie des personnages très talentueux qui nous ont laissé des chronomètres de marine tout à fait extraordinaires, des horloges astronomiques et bien d’autres gadgets horlogers. Certains d’entre eux travaillaient à l’Académie des Sciences, d’autres pour des entreprises d’armement, d’autres encore étaient autodidactes.

Citons par exemple Mikhail Lomonosov, qui construisit un chronomètre marin doté de 4 ressorts, ainsi que la célèbre dynastie Bronnikov à Vjatka, connue dans le monde entier pour avoir fabriqué des montres en bois et en ivoire. Je citerai également quelques ingénieurs et inventeurs russes très renommés tels qu’Ivan Kulibin, Terentiy Voloskov, Lev Nechaev, Mikhail Medox, Andrey Nartov et – bien-sûr - Karl Fabergé. Mais j’insiste sur le fait qu’une industrie horlogère en tant que telle n’a jamais existé au temps de la Russie tsariste.

Denis Asch : Contrairement aux idées reçues, les clients russes sont de grands amateurs de montres à complications, et pas seulement de montres joaillères. Comment l’explique-t-on ?

Alexander Vetrov : C’est vrai, la plupart des managers de l’industrie horlogère suisse s’accordent à dire que la Russie demeure le premier marché d’exportation pour les montres compliquées et les pièces uniques. Je suppose que nous avons hérité cela du système éducatif soviétique qui –contrairement aux systèmes américain et européen– accordait une grande importance à la culture générale et incitait fortement son élite à développer une large curiosité dans tous les domaines. De fait, les amateurs russes de montres sont toujours désireux d’en savoir plus sur le mouvement et ses complications. Pour eux, le design est loin d’être l’atout majeur d’un garde-temps.

Denis Asch : Bien que la crise internationale affecte les clients russes et leur pouvoir d’achat, il semble que la tendance se renforce autour des produits de grande qualité et des pièces exceptionnelles. Confirmez-vous cela ? Quelles est la place des marques exclusives telles que Richard Mille sur le marché russe aujourd’hui ?

Alexander Vetrov : J’ai récemment parlé avec le patron d’une des plus grandes manufactures horlogères suisses et celui-ci m’a confié que trois pièces d’une édition limitée à sept avait été acquises par des citoyens de l’ancienne Russie soviétique. L’une a été achetée dans leur magasin de Moscou, l’autre dans leur magasin de Kiev et la dernière à Genève. En ce qui concerne les marques indépendantes très exclusives, je connais personnellement un collectionneur qui a dernièrement commandé des pièces personnalisées à un horloger genevois. Pour moi, il ne fait aucun doute qu’il y a encore de nombreux acquéreurs potentiels pour des pièces exceptionnelles comme celles de Richard Mille, et ce, malgré le contexte international actuel.

Denis Asch : A ce propos, je viens de recevoir le premier tourbillon de poche RM 020*. Qu’en pensez-vous ?

Alexander Vetrov : La RM 020 me rappelle une arme de poing nommée Morgenstern (“l’étoile du matin”) utilisée au Moyen Age pour briser les têtes (rires). Bien-sûr, c’est une montre fabuleuse tant du point de vue des matériaux utilisés pour sa fabrication que de celui du design très audacieux. Aucune autre ne tient la comparaison. Mais la RM 020 annonce surtout le retour des montres de poche en général, initié par l’Altiplano de Piaget il y a trois ans. Je suis persuadé que plusieurs RM 020 trouveront preneur en Russie très prochainement.

Article publié avec l’aimable autorisation de l’Heure Asch

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Montres-de-luxe.com | Publié le 20 Juillet 2009 | Lu 2698 fois