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Louis Vuitton Monterey : derrière cette "simplicité apparente", une montre ultra-sophistiquée


Par Jean-philippe Tarot, Mardi 7 Octobre 2025 pour Montres-de-luxe.com

Peu de gens s’en souviennent à part quelques collectionneurs… En 1988, Louis Vuitton présentait ses deux premières montres, la LV 1 et la LV II dessinées par l’architecte et designer italienne Gae Aulenti. Aujourd’hui, LV rend hommage à ces deux garde-temps avec cette Monterey en or jaune de 39 mm qui arbore un cadran en émail grand feu et un calibre automatique manufacture de La Fabrique du Temps. Une belle réussite pour cette édition limitée à 188 exemplaires.



Monterey avec un « r » (avec deux « r » c’est au Mexique) est une jolie ville côtière de Californie. Une cité qui fut immortalisée par le romancier John Steinbeck et qui est aujourd’hui, réputée pour ses restaurants de fruits de mer, son aquarium et sa baie dans laquelle on peut observer les baleines.
 
C’est donc le nom de cette ville californienne qui a été donné à cette nouvelle montre Louis Vuitton (pour une raison assez amusante d’ailleurs) qui a pris tout le monde de court, puisque personne ne s’attendait à une telle nouveauté à cette période de l’année !
 
Cette pièce est importante pour la marque puisqu’elle fait référence aux toutes premières montres Louis Vuitton.

​Deux modèles qui furent commercialisées en 1988 et encore largement méconnus du grand public et même des amateurs de montres ; sauf par quelques férus de la marque et/ou de pièces vintage comme Shawn Tan de The Heirloom Gallery à Singapour.

A l’époque Louis Vuitton, encore dirigé par Henry Racamier, n’a aucun rapport avec l’horlogerie. C’est un malletier qui ne vend que des sacs, des bagages et des malles sur-mesure. Seule incartade dans l’univers de la mode : des foulards et des ceintures.
 
C’est aussi l’époque (87/88) où Bernard Arnault commence à devenir actionnaire majoritaire de LVMH. Bref, c’est une période charnière pour la maison de luxe parisienne.  

Signes de temps et du changement, c’est donc en 1988 que Louis Vuitton présente sa toute première collection de montres. Pour l’occasion, LV fait appel à Gae Aulenti (celle qui transforma la gare d’Orsay en un musée internationalement reconnu) qui imaginera alors pour la marque, les montres LV I et LV II reconnaissables à leur silhouette en galet !
 
Célébrant l’esprit du voyage de la maison avec un chemin de fer, un affichage de la date, une fonction GMT ainsi qu’une heure universelle, le modèle LV I dévoile une forme de galet sans corne avant-gardiste et se décline en or blanc ou jaune. Une couronne positionnée de façon singulière à 12h, fait écho aux montres de poche.

Plus petit, le modèle LV II en 37 mm, confectionné à partir d’une céramique noire ou verte (un matériau encore très rare à l’époque) innovante et résistante aux rayures, affiche la date et l’heure avec une fonction alarme. 

« Les connaisseurs s’émerveillent devant leurs designs audacieux. Une fascination également nourrie par l’affectueux surnom qui est donné à la montre : Monterey, qu’elle doit à la prononciation du mot « montre » à l’américaine, les modèles LV I et LV II étant à l’origine désignés comme Montre 1 et Montre 2 » souligne la marque dans son communiqué. Donc rien à voir avec la Californie !
 
Il y a quelques jours d’ailleurs, Louis Vuitton faisait un petit clin d’œil à ces modèles en présentant une LV 1 lors du défilé de sa collection Printemps-Eté 2026. Un petit clin d’œil pas si innocent que cela puisqu’une semaine plus tard, la marque présentait une montre rendant hommage à ces tous premiers garde-temps !
 
Cette semaine, Louis Vuitton dévoile donc cette Monterey, une montre en or jaune en édition limitée de 188 exemplaires (en référence à son année de naissance : 1988). Ce garde-temps est tout en rondeurs -comme l’original- et présente quasiment la même taille : 40 mm à l’époque et 39 mm aujourd’hui.

Cette édition limitée arbore un somptueux cadran en émail Grand Feu blanc qui préserve la signature graphique originelle tout en substituant un mouvement automatique de manufacture au calibre à quartz IWC des modèles historiques.
 
Comme le souligne Matthieu Hegi, Directeur Artistique de La Fabrique du Temps Louis Vuitton : « réinterpréter une création signifie respecter son design et son esprit. Nous conservons les mêmes codes graphiques, en cherchant à les moderniser et à les sublimer ». 
 
L’émaillage Grand Feu s’est imposé comme un choix évident pour le nouveau cadran (une technique que maitrise parfaitement La Fabrique du Temps en interne), offrant une profondeur et un éclat exceptionnel.

Outre sa brillance, cette matière confère une chaleur et un ton uniques qui se marient particulièrement bien avec le caractère graphique du cadran minimaliste.

L’émail Grand Feu est aussi apprécié pour la stabilité optimale et la grande résistance à la décoloration de ses couleurs. Autant de qualités qui permettent au cadran de traverser les générations, tout en reflétant le temps et le savoir-faire minutieux requis pour sa confection.
 
La création d'un cadran en émail Grand Feu est un processus orchestré et minutieux en plusieurs étapes qui nécessite environ 20 heures de travail pour appliquer plusieurs couches d'émail vitreux sur le métal.

Ce processus est entrecoupé de cuissons délicates à des températures élevées comprises entre 800 et 900 °C, chaque cuisson présentant un risque de bris et de recommencement à zéro.
 
La couleur blanche est également l’une des nuances les plus délicates à réaliser. La première étape consiste à préparer la couleur, en inspectant la poudre d’émail au microscope à la recherche de la moindre impureté, afin d’obtenir une texture fine et homogène.

A l’aide d’un pinceau fin, l’émail est ensuite appliqué à la main sur un cadran en or blanc, préalablement traité à la fibre de verre.

Pour obtenir la couleur et la nuance désirées, les couches doivent être superposées méticuleusement.

Après l’application d’une base fine, quatre couches supplémentaires sont nécessaires pour obtenir la teinte, la profondeur et l’opacité désirées. Un procédé rigoureusement minuté pour éviter de surchauffer ou de sous-chauffer l’émail, et garantir une parfaite homogénéité de la couleur.  
 
Le cadran est ensuite poli avec du papier de verre pour créer une surface totalement lisse, permettant la vitrification de l’émail.

Il est cuit progressivement à 720 °C, à 10 reprises jusqu’à obtenir une couche solide et translucide, ainsi qu’une finition d’une brillance inouïe, presque opaline. Il en émane une richesse et une profondeur incroyables, uniquement réalisables grâce à l’émaillage artisanal. 

La tampographie (là encore, une technique maitrisée par les artisans de la Fabrique du Temps) peut alors commencer en mélangeant l’essence de poudre d’émail –bleue, rouge ou noire– pour former une pâte lisse, idéale pour le marquage de l’émail avec précision.

​Cette étape, qui permet d’élaborer la signature du cadran, dure deux heures. La machine doit être réglée minutieusement pour chaque couleur, à mesure que le motif, la nuance, la profondeur et le volume prennent forme. 
 
Au total, huit marquages sont nécessaires pour chacune des trois couleurs : quatre cuissons à 460 °C, suivies de quatre autres à 600 °C. Les teintes du cadran sont reprises dans les aiguilles en or blanc de la montre, à l’image du modèle original.
 
Graphiques, contemporaines mais résolument « horlogères », les aiguilles en forme de seringue sont parées de laque rouge, et accompagnées d’une trotteuse en acier bleui. Les deux signatures « FAB. EN SUISSE » et « LOUIS VUITTON PARIS » viennent souligner l’ensemble. 

Chaque élément du boîtier est entièrement réalisé et poli à la main à La Fabrique des Boîtiers Louis Vuitton. Sa forme reste fidèle à l’originale. Parfaitement arrondi (très sensuel) et réfléchissant, ce boîtier en or jaune de 39 mm (étanche à 50 mètres) est rehaussé d’une couronne inspirée des montres de poche à 12 heures.
 
Cette couronne, agrandie et finement crantée d’un motif Clous de Paris (toujours très horloger), est façonnée par un usinage manuel de haute précision. Dans la même démarche avant-gardiste que Gae Aulenti, la construction ingénieuse du fond de boîtier et l’absence de corne ont également été revisitées.
 
À l’instar du modèle de 1988, la montre est dotée d’un système pour détacher rapidement le bracelet (constitué d’un seul brin, ici en veau noir), tandis qu’une gravure discrète indique « 1 of 188 », dissimulée sous le bracelet -un secret réservé au porteur.
 
Les proportions du boîtier sont parfaitement adaptées au mouvement automatique LFTMA01.02 de la nouvelle montre, logé sous un fond fermé. La Fabrique du Temps Louis Vuitton travaille toujours chaque détail du calibre, même s’ils ne sont pas visibles, c’est là, tout l’art horloger véritable !
 
« Un savoir-faire pointilleux et un réel souci du détail qui transparaissent à l’extérieur comme à l’intérieur, à travers une platine perlée circulaire, des ponts sablés et des bords microbillés » précise encore la marque dans son communiqué.
 
On y retrouve également les codes emblématiques de la maison : une masse oscillante en or rose 18 carats ajouré de motifs en V évoquant le Monogram Louis Vuitton et le poinçon LFT qui se trouve sous le balancier.
 
Quant aux saphirs incolores, ils confèrent une esthétique moderne au calibre, qui annonce 28 800 alternances par heure et une réserve de marche de 45 heures (l’un des points qui pourrait être amélioré, cette réserve de marche étant un peu trop standard de nos jours).






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