Montres-de-luxe.com
montres-de-luxe
L'actualité des montres de luxe et des marques horlogères de prestige

Tout l'art du guillochage selon Breguet


Il y a au premier étage de la boutique Breguet de la place Vendôme à Paris, un vieil outil. Un outil que les artisans horlogers connaissent très bien, qui sert depuis la fondation de la marque au 18ème, à façonner des cadrans de toute beauté puisqu’il s’agit d’un véritable tour à guillocher que certains amateurs ont pu essayer lors d’évènements organisés par la manufacture…


Appliqué à l’horlogerie pour la première fois en 1786 par Abraham-Louis Breguet, le guillochage n’a jamais été aussi vivant au sein de la manufacture Breguet -en témoigne les nombreux cadrans arborant encore ce savoir-faire ancestral.
 
En Suisse, dans le petit village de l’Orient, faisant face au Lac de Joux, l’atelier dévolu à ce métier d’art voit comprend une vingtaine d’artisans. Ces derniers travaillent sur des machines à guillocher. Des modèles anciens mais également des plus récents spécialement développées et fabriquées à l’interne.
 
Baignée d’une douce lumière, l’atmosphère y est sereine. Eté comme hiver. Depuis des siècles, les gestes n’ont pas vraiment changé… Ils restent soignés et précis. Courbés sur leur outil, le regard est concentré ; les visages sont absorbés par la tâche, elle-même rythmée par le cliquetis des chariots et le chant sourd des cames.

Dans l’atelier de guillochage de la manufacture Breguet, à L’Orient, au cœur de la Vallée de Joux, les artisans perpétuent un métier qu’Abraham-Louis Breguet fut le premier à associer à l’horlogerie, en 1786*.
 
Le guillochage est, depuis toujours, gravé dans les gênes de la manufacture. Il fait partie intégrante de son ADN. Pour de nombreux collectionneurs et amateurs d’horlogerie, le guillochage, « c’est » Breguet.
 
Qu’il soit réalisé sur de l’or, sur du platine ou de la nacre, il enrichit les modèles de la maison, illuminant cadrans, boîtes, masses oscillantes, platines ou ponts. Véritable signature de la maison, cette tradition est ici plus vivante que nulle part ailleurs : objet d’une perpétuelle exploration, elle s’épanouit à la faveur de nouveaux motifs et du développement d’outils contemporains.

Avant d’aller plus loin, rappelons que le guillochage est un art mécanique qui consiste à graver finement la matière en réseaux de lignes droites, courbes ou brisées. Un ouvrage qui se fait à l’aide d’un tour à guillocher, lequel réalise des figures circulaires ou des motifs linéaires.
 
Savamment organisés, parallèles ou entrecroisés, ces sillons –appelés aussi guillochures– finissent par former un décor répétitif et symétrique (parfois hypnotiques). Bien que cette technique nécessite l’utilisation d’une machine, il serait faux de l’assimiler à une pratique industrielle. Elle est au contraire pleinement artisanale, dans la mesure où tout est commandé manuellement !
 
Ainsi, tandis que la main gauche actionne l’entrainement de l’outil au moyen d’une manivelle, la main droite accompagne le burin fixé sur un chariot. Comme on peut l’imaginer, une grande dextérité ainsi qu’une longue expérience sont nécessaires à la maitrise de toutes les subtilités de ce métier.

A l’origine, l’intérêt d’A-L Breguet est attiré par l’esthétisme du résultat bien sûr, qui confère par exemple aux boîtes un aspect soyeux et une texture agréable au toucher.
 
Mais c’est avant tout le caractère fonctionnel du procédé qui retient son attention : en effet, facilement exposées aux rayures et au ternissement, les surfaces polies s’en trouvaient mieux protégées contre les affres du temps ; quant à ses vertus antireflets, elles procuraient une meilleure lisibilité au cadran, tout comme sa faculté à délimiter différentes zones de lectures –tour d’heure, petite seconde, indicateur de réserve de marche, compteurs divers.
 
Au fil du temps, l’usage du guillochage pour la décoration de ses montres, va revêtir une grande importance pour le maître. On peut même dire sans exagérer qu’il va contribuer à l’émergence d’un véritable « style Breguet ».

Les contrastes qu’offrent dorénavant les cadrans vont permettre à l’horloger de préférer d’élégantes aiguilles aux organes baroques de l’époque. Connues aujourd’hui sous le nom d’« aiguilles Breguet » (également appelées aiguilles « pommes »), elles se reconnaissent à la finesse de leur corps, qui se termine par la célèbre pomme évidée. Elles connaîtront un succès immédiat.
 
Ainsi, au début du XIXe siècle, les cadrans guillochés supplantent en nombre les cadrans émaillés dans les créations Breguet. Dès lors, la marque est restée fidèle à cette technique de décoration, qui devint un véritable signe distinctif de la maison. Arborant aujourd’hui la mention « Swiss Guilloché Main », ces cadrans guillochés en or argenté sont présents dans la majorité des collections contemporaines de Breguet.
 
Si la méthode a depuis essaimé à travers l’horlogerie, la maison en reste le dépositaire depuis plus de 230 ans. Afin de pérenniser cette tradition, la manufacture a même mis en place un programme sans équivalent dans l’industrie horlogère, lequel vise à conserver intact un patrimoine qui avait tendance à disparaître, tout en faisant évoluer sa pratique.

Dans cet esprit, la manufacture acquiert ainsi depuis plusieurs années d’anciens tours à guillocher. Une fois restaurés à l’interne, ils rejoignent les boutiques du monde entier, à des fins pédagogiques. Et comme indiqué précédemment, le plus ancien de ces outils, qui date des années 1820, trône au 6, Place Vendôme à Paris (visible sur rendez-vous auprès de la marque).
 
Loin de s’arrêter là, Breguet a entrepris la fabrication de nouvelles machines à guillocher. Similaires à leurs aînées dans le principe, elles bénéficient cependant d’une meilleure ergonomie, d’un éclairage amélioré, d’une optique équipée d’un binoculaire et d’une précision répondant aux plus hauts standards actuels.
 
La manufacture dispose à ce jour d’une trentaine de guillocheuses sur lesquelles se sont formés et travaillent les artisans de Breguet. Véritables experts, ils sont capables d’exécuter une grande variété de motifs, parmi lesquels le « clou de Paris », le « panier », le « flammé » et bien d’autres encore.

Mais le guillochage est un art sans limite. Au sein de la manufacture a donc été créé un atelier de « recherche et création », dont la mission est de concevoir et proposer de nouvelles mises en scène. On se souvient du motif « vagues » que l’on retrouve sur la partie centrale du cadran des récents modèles de la collection Marine.

*À ses débuts, le guillochage fut utilisé pour décorer des éléments de mobiliers, des petits coffrets, des piluliers ou encore des boutons de vareuses réalisés dans des matériaux comme le bois, l’ivoire, la pierre tendre, la corne ou la nacre. S’il est parfois affirmé qu’elle remonte au XVIe siècle, l’origine de cette activité reste cependant nébuleuse.
 
Délicat, très apprécié pour sa beauté ornementale, cet art décoratif ne va pas tarder à s’épanouir dans d’autres domaine. Appliqué à la bijouterie, il va ainsi passablement se développer en Europe au cours du XVIIIe siècle.

 
Dos de miroirs et poudriers, mais aussi argenterie vont progressivement se parer de fins motifs guillochés. A la cour de Versailles, le comte d’Artois, frère du roi Louis XVI, acquiert même son propre tour.

C’est dans ce contexte qu’Abraham-Louis Breguet se prend de curiosité pour le guillochage, lui offrant bientôt de nouveaux horizons dans l’horlogerie.

Dans l’atelier de guillochage de la manufacture Breguet, à L’Orient, au cœur de la Vallée de Joux, les artisans perpétuent un métier qu’Abraham-Louis Breguet fut le premier à associer à l’horlogerie, en 1786. 


Montres-de-luxe.com | Publié le 31 Octobre 2022 | Lu 13474 fois






Chaque mois, retrouvez le meilleur de l'actualité des Montres de Luxe dans votre boite mail