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Vacheron Constantin Métiers d'Art - Le Louvre : la Victoire de Samothrace


Le partenariat entre Vacheron Constantin et le musée du Louvre donne naissance cette année à une série de montres Métiers d’Art qui rendent hommage aux grandes civilisations de l’Antiquité. Quatre œuvres du musée, représentatives de quatre époques, sont représentées sur les cadrans. Ces éditions limitées de cinq pièces par thématique mettent en exergue les talents rares des artisans d’art. Retour sur la Victoire de Samothrace, sculpture de la Grèce hellénistique des Antigonides (277 – 168 av. J.-C.).



L’Empire perse de Darius 1er, l’âge d’or de l’Égypte antique, la période hellénistique de la Grèce antique et la prise de pouvoir d’Auguste, premier empereur romain, sont les points d’ancrage historiques de la nouvelle série de montres Métiers d’Art de Vacheron Constantin.
 
Dans le cadre du partenariat avec le Louvre initié en 2019 et suite à une intense collaboration avec ses conservateurs et historiens, la Maison a imaginé une série de quatre garde-temps basés sur les collections antiques du musée.
 
En étroite collaboration avec les équipes du musée, les designers et concepteurs de Vacheron Constantin ont dès lors entrepris la conception d’une nouvelle série de montres Métiers d’Art directement inspirées de chefs-d’œuvre emblématiques du Louvre.
 
C’est au cœur du formidable fonds d’antiquités du musée que la thématique principale, déclinée en quatre époques, a trouvé sa source : l’Empire perse sous Darius 1er, l’Égypte des pharaons du Moyen Empire, la période hellénistique de la Grèce et la naissance de l’Empire romain avec l’avènement d’Auguste.

Chacune de ces grandes civilisations est ainsi représentée par une œuvre artistique majeure tirée de certains des chefs-d’œuvre du Louvre. Un véritable défi pour les artisans d’art consistant à reproduire leur force expressive sur un cadran de moins de 40 mm à l’ornementation inspirée des arts décoratifs de l’époque, agrémentée d’éléments d’écriture.
 
La Victoire de Samothrace – la Grèce hellénistique des Antigonides (277 – 168 av. J.-C.)
Cette statue de la Victoire, déesse ailée se posant sur la proue d’un navire de guerre, a été découverte en 1863 sur l’île de Samothrace au nord de la mer Egée.
 
Exhumée d’un sanctuaire dédié aux Grands Dieux, dont le culte rayonnait dans tout le monde grec, elle représente une offrande liée à une victoire navale.
 
Suite à la mort d’Alexandre en 323 av. J.-C., ses généraux se sont partagés son héritage donnant naissance à trois grands empires dont celui des Antigonides en Macédoine.
 
Durant cette période hellénistique, qui prend fin avec la conquête romaine de l’Égypte en 31 av. J.-C, les batailles navales se succèdent pour la domination de la partie Orientale de la Méditerranée. L’une d’elles a été majestueusement commémorée dans le sanctuaire de cette petite île grecque.

Par la virtuosité de sa sculpture en marbre blanc de Paros et par l’ingéniosité de sa construction figurant une déesse se posant sur l’avant d’un navire, cette Victoire de Samothrace, Niké en grec, est un chef-d’œuvre inégalé de la statuaire hellénistique.
 
On ne connaît pas le nom du sculpteur, mais sa technique rappelle les personnages de la frise de la Gigantomachie qui décore le Grand autel de Zeus de Pergame (180 - 160 env. av. J.-C.).
 
Ces deux œuvres sont les meilleures illustrations d’un courant de sculptures mouvementées propre au 2e siècle avant notre ère. C’est dans le contexte des offrandes faites au sanctuaire de Samothrace qu’il faut replacer cette œuvre.
 
Humbles ou somptueuses, ces offrandes se sont multipliées à cette époque de luttes pour la Méditerranée orientale afin de remercier les dieux bienveillants en l’honneur d’une victoire navale ou d’un sauvetage en mer.

Cette Victoire est le plus souvent associée aux batailles de Sidè et Myonnisos sur les côtes d’Asie Mineure en 190 et 189 av. J.-C. Deux affrontements qui ont vu le royaume de Pergame, allié aux Rhodiens et aux Romains, triompher de ses ennemis traditionnels, les royaumes d’Antioche et de Macédoine.
 
Le drapé de la statue, agité par le vent avec une grande coulée d’étoffe qui tombe en plis profonds entre les jambes, a représenté une difficulté majeure pour le graveur chargé d’en reproduire toutes les subtilités.
 
Le cadran principal est émaillé brun au centre. Cette teinte, très difficile à obtenir, a nécessité le mélange d’émaux rares, qui ne sont d’ailleurs plus produits, passés au four à six reprises.
 
En périphérie, on trouve de l’émail grisaille pour représenter les frises décoratives tirées de deux vases grecs. Ces céramiques à figures rouges peintes offrent différentes ornementations à motifs de
feuillage ou géométriques que l’on retrouve sur le cadran.

Celui-ci est également entouré d’une frise en or gravé en pointe douce qui s’inspire de celle du Vase de Pergame, chef d’œuvre de marbre sculpté en bas-relief du 1er siècle av. J.-C. Les écritures en grec ancien gravées par métallisation sur la glace saphir porteuse de la Victoire en applique sont quant à elles tirées d’une stèle votive du 2e siècle de notre ère découverte à Samothrace.
 
Cette œuvre est une liste d’initiés athéniens aux mystères des Grands Dieux de l’île mené par un certain Socrates. Un patronyme qui évoque cette Grèce impérissable, magistralement célébrée par cette montre Victoire de Samothrace.
 
Pour animer ces montres Métiers d’Art, Vacheron Constantin a choisi son calibre manufacture 2460 G4/2 à remontage automatique qui se caractérise par une indication des heures, minutes, jours et dates par quatre disques.
 
Les guichets permettant la lecture des indications horaires et calendaire, positionnés symétriquement en périphérie du cadran, laissent ainsi un vaste champ d’expression aux métiers d’art. Aucune aiguille ne vient perturber la vision sur ces chefs-d’œuvre de miniaturisation.

Au dos du mouvement, cadencé à 4 Hz (28’800 alternances/heure) et comptant 237 composants, la masse oscillante a également fait l’objet d’une attention particulière. On y découvre une représentation de la façade Est du Louvre et sa magnifique colonnade inspirée des travaux de Louis Le Vau et Claude Perrault, selon une estampe du 18e siècle.
 
La matrice du dessin a été sculptée à la main pour ensuite servir à l’étampage des vingt masses oscillantes que compte la série.
 
Comme la composition artistique de ces montres comprend la représentation d’œuvres symboliques sous forme d’appliques sculptées, ainsi que divers éléments d’écriture et d’ornementation, Vacheron Constantin a conçu un système d’emboîtage de plusieurs supports.
 
Au-dessus du mouvement prend place le cadran entouré d’une frise. Ces deux éléments distincts et concentriques sont précisément le terrain d’expression des maîtres artisans.

​Les ornementations qui y figurent sont inspirées d’œuvres des collections du Louvre représentatives des arts décoratifs des différentes époques : mosaïques romaines, cercueil égyptien peint, céramiques et vases grecs peints ou sculptés en bas-relief, frise de briques à glaçure colorée d’inspiration babylonienne.

Sur ce cadran vient ensuite se loger un verre saphir porteur de l’applique en or sculpté représentant l’une des quatre œuvres majeures tirées de la période antique.
 
Ce même verre légèrement fumé est également gravé par métallisation de textes en écriture cunéiforme, hiéroglyphe, grec ancien et latin selon le modèle.
 
On peut y lire un extrait de la charte de fondation du palais de Darius, la transcription du cartouche du pharaon Merenptah gravé sur le sphinx de Tanis, une dédicace faite aux Grands Dieux de Samothrace découverte dans le sanctuaire de Samothrace, ainsi qu’une invocation à l’empereur Auguste gravée sur une stèle romaine retrouvée en Algérie.
 
Une fois ces différents éléments mis en place au-dessus du mouvement, le boîtier peut ensuite être scellé avec la glace extérieure.

Le cadran et sa frise se composent ainsi de plusieurs éléments « décoratifs » tirés de divers œuvres de la même époque que celle représentée en applique. Pour réaliser ces somptueux arrière-fonds, Vacheron Constantin a opté pour différentes techniques mises en œuvre par des artisans d’art.
 
• Email champlevé et émail grisaille
L’émaillage est une technique de décoration consistant à broyer finement du verre coloré ou des pigments d’émail qui, mélangés à de l’eau ou de l’huile, sont appliqués sur une surface de métal. Cette pâte est ensuite cuite au four à haute température de manière à former une surface résistante qui ne fait plus qu’un avec son support.
 
L’émail champlevé consiste à créer des cavités dans lesquelles sont appliqués les émaux. On procède par couches successives cuites au four. Quant à l’émail grisaille, il s’agit d’un savoir-faire apparu au 16ème siècle qui consiste à apposer sur une couche d’émail sombre recouvrant le cadran une superposition de touches d’un émail blanc. Chaque couche d’émail est également passée au four à plus de 800°.
 
• Marqueterie de pierres
Rare en horlogerie, la marqueterie de pierres consiste à former des motifs en utilisant des fragments de pierres de couleur calibrés selon les besoins. Cette opération est d’autant plus délicate que chaque pierre est différente, certaines même veinées et donc plus fragiles.
 
Ces fragments sont assemblés et collés un à un sans aucun liant entre les pierres. Cette construction laisse de minuscules espaces entre les composants donnant du relief et de la profondeur à la composition.
 
• Micro-mosaïque de pierres
Par micro-mosaïque de pierres, une technique extrêmement rare en horlogerie, on entend une mosaïque dont les minuscules éléments de pierres dures qui constituent son décor sont très finement assemblés et collés de manière à rendre les joints qui les scellent pratiquement invisibles.
 
La dimension des pierres, des carrés de 0,55 millimètres chacun, rend ce type d’ornementation particulièrement délicat, non seulement dans la composition des motifs mais également dans la manière de le figer avec un liant.
 
• Gravure
L’art de la gravure à la main consiste à faire surgir du métal des décors en creux, en relief ou en modelé. La technique utilisée ici pour les appliques en or sculpté est appelée ramolayage. Elle consiste à ôter de la matière pour modeler le relief. Irréversible, cette opération exige un geste parfaitement assuré.
 
Le maître graveur dessine d’abord les volumes principaux à la pointe sèche. Puis il sculpte la masse et réalise une mise en arrondi particulièrement délicate dont les contours sont accentués par patine. Cette technique en trompe l’œil est particulièrement adaptée pour créer l’illusion d’une profondeur de champ. Certaines frises sont réalisées en taille douce ou gravure par creusement de la matière.


Montres-de-luxe.com | Publié le 27 Mai 2022 | Lu 4118 fois