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Genève/Lisbonne,août 2009 : rencontre entre l’horloger Denis Asch et Fernando Correia de Oliveira, journaliste et chercheur portugais spécialiste de la question du Temps


Mardi dernier, le 18 août 2009, Denis Asch et Fernando Correia de Oliveira, journaliste et chercheur portugais spécialiste de la question du Temps, ont échangé leurs points de vue sur quatre marchés représentant plus de 350 millions de consommateurs cumulés : le Brésil (200 millions), le Mexique (110 millions), l’Espagne (40.5 millions) et le Portugal (11 millions).



Genève/Lisbonne,août 2009 : rencontre entre l’horloger Denis Asch et Fernando Correia de Oliveira, journaliste et chercheur portugais spécialiste de la question du Temps
Une réalité très différente :

« Ces marchés sont fortement liés entre eux par leur histoire, leur culture et leur langue », commente Fernando Correia de Oliveira. « Théoriquement, le Brésil devrait consommer vingt fois plus de montres que le Portugal, le Mexique dix fois plus et l’Espagne quater fois. Mais la réalité est très différente.

En bref :

. bien que la culture horlogère ait considérablement progressé en Espagne, le pays fait face à une récession très profonde qui pénalise considérablement les échanges,

. le marché intérieur mexicain s’est développé rapidement grâce à des taxes peu élevées, au contraire du Brésil, qui pratique encore des tarifs dissuasifs,

. la culture horlogère s’est également largement répandue au Mexique, qui accueille un salon de la Haute Horlogerie à Mexico depuis trois ans déjà (Salón Internacional Alta Relojería),

. la plupart des Mexicains et des Brésiliens fortunés achètent à l’étranger : les premiers se rendent volontiers à Miami, tandis que les seconds fréquentent assidûment Lisbonne, la capitale portugaise.

Mais le changement le plus important intervenu ces dernières années provient des consommateurs angolais : ils vont à Lisbonne dans la journée et y achètent des montres fort chères grâce aux pétro-dollars…
».

De nombreuses éditions limitées

Denis Asch, très intrigué par un « phénomène » typiquement portugais, interroge ensuite Fernando sur la prolifération des séries limitées dédiées au marché portugais. « Les Portugais ont des connaissances solides et déjà anciennes en matière d’horlogerie. Ils connaissent parfaitement les marques et leur histoire et adorent les montres mécaniques », explique Fernando. « Un tel patrimoine historique offre quantité de thèmes régulièrement associés à des séries spéciales, qui se vendent d’ailleurs en quelques semaines ».

« Fake watches are for fake people »

Le Mexique est bien connu pour être un lieu de production et de consommation massive de contrefaçons horlogères. Denis demande donc à Fernando son opinion sur la campagne de lutte contre la copie lancée récemment par la Fondation de Haute Horlogerie (Fake watches are for fake people).

Fernando estime que cette campagne peut aider à sensibiliser les consommateurs européens, américains et japonais mais qu’elle n’aura que peu d’impact au Brésil et au Mexique. « Dans ces pays, ajoute-t-il, l’économie parallèle apporte un complément de revenu crucial pour les populations locales et représente un pourcentage élevé de l’économie globale. La vérité c’est que l’une ne peut survivre sans l’autre ».

Richard Mille, Greubel Forsey et Jean Dunand Pièces Uniques versus Rolex et Cartier

Denis s’interroge sur l’intérêt des marchés mexicain et brésilien pour les marques exclusives. « Ceux qui peuvent s’offrir de telles pièces, achètent à l’étranger », explique Fernando. « Ceux qui achètent sur place sont encore intéressés par les Rolex en or ou les Cartier, car elles sont reconnaissables à bonne distance… même fausses », ajoute-t-il.

Formation

Le WOSTEP suisse est proche de la Casa Pia, une école d’horlogerie très respectée, fondée au Portugal à la fin du 19ème siècle. Compte-tenu du manque d’horlogers au Mexique, au Brésil et en Espagne, Denis demande si les horlogers portugais pourraient être tentés de « s’exporter » là-bas. Selon Fernando, la Casa Pia ne produit qu’une trentaine d’horlogers par an, dont les plus talentueux partent en Suisse parfaire leur formation. La plupart ne revient pas au Portugal, qui manque lui-même de main-d’oeuvre qualifiée.

SAV

Selon Fernando, le service après-vente est de plus en plus important pour les clients, il a donc souhaité avoir le point de vue de Denis Asch sur ce point : « C’est tout à fait crucial pour moi. J’ai ouvert L’Heure AscH à Genève pour être proches des marques et des clients. J’ai la chance de travailler avec des gens qui me demandent mon avis. Nous recevons quotidiennement des clients qui souhaitent discuter de tel ou tel modèle et passer un moment au magasin. De plus, ceux qui possèdent une montre haut de gamme veulent pouvoir la porter chaque jour. Je les comprends. Le SAV doit répondre à n’importe quelle demande dans les plus brefs délais ».

Prix et récession

Fernando a ensuite interrogé Denis sur la crise actuelle : « Les marques les plus récentes sont-elles les plus exposées ? ». « Certaines marques ont été opportunistes et ont bénéficié du boum horloger sans rien apporter au secteur, réplique Denis Asch. Elles ont souvent copié des designs et utilisé des mouvements à quartz ou des calibres ETA. Celles-ci souffrent énormément ».

Fernando : « Est-ce une question de prix ? ». Denis Asch : « Le problème n’est pas tant prix que le positionnement. Les montres les plus chères continuent de se vendre tant qu’elles offrent une valeur ajoutée authentique. Richard Mille et Jean Dunand Pieces Uniques, dont le succès s’appuie sur des bases techniques irréprochables et des innovations réelles, ont su, en quelques années, se faire une place à côté de manufactures centenaires. Le salon de Bâle en 2010 sera décisif. Il y a toujours eu les leaders et les suiveurs. J’ai décidé de me concentrer sur les leaders : ceux qui ouvrent la voie. Je pense que de nombreux suiveurs disparaîtront pendant la crise, alors que les leaders en sortiront renforcés. »

Shabaka de Jean Dunand Pièces Uniques

Pour conclure, Denis a présenté à Fernando la Shabaka. Après avoir souligné l’équilibre général qui se dégage des formes, des fonctions et des innovations techniques de la pièce, Fernando a rappelé la grande fiabilité des mouvements créés par Thierry Oulevay et Christophe Claret et manufacturés à la manufacture Claret, au Locle (Suisse).

Fernando apprécie particulièrement le style Art Déco et l’inspiration égyptienne de la Shabaka. « Une pièce exceptionnelle sans aucun doute, dont les versions en or gris ou en platine correspondent probablement d’avantage au goût portugais que le modèle en or rose », précise-t-il.

Article publié avec l’aimable autorisation de l’Heure Asch

Infos pratiques

L’Heure AscH
19, rue de la Cité
1204 Genève
Tél. 022 311 19 19

info@heure-asch.com
www.heure-asch.com

Pour aller plus loin, lire aussi :
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Montres-de-luxe.com | Publié le 24 Août 2009 | Lu 3937 fois