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L'actualité des montres de luxe et des marques horlogères de prestige

Le Pays de Neuchâtel et son patrimoine horloger (livre)


Les éditions suisses de la Chatière viennent de publier un ouvrage intitulé « Le Pays de Neuchâtel et son patrimoine horloger » qui devrait ravir les passionnés de belles mécaniques… Présenté cette semaine au Locle, ce livre de 400 pages et 600 images, rédigé par neuf auteurs universitaires, s’annonce comme une « référence » sur l’histoire de l’horlogerie de ce canton en ce début du 21ème siècle.



Préface par Jacques Hainard, directeur du Musée d’ethnographie de Genève

Le Pays de Neuchâtel et son patrimoine horloger (livre)
La perception et la représentation du temps présentent dans notre pays des caractéristiques archétypales uniques au monde : on y postule la quête de stabilité, la recherche des équilibres, on y croit à la linéarité, à la régularité, à la prévoyance, comme à la neutralité.

Tout le corps social a intériorisé ce souci du temps, d’où la précision et l’organisation qui en découlent, l’excellence des performances économiques et industrielles, la tradition horlogère qui singularise notre nation, ethnologiquement parlant, au sein des nations européennes.

L’industrie mécanique, la banque, l’assurance ont prospéré sur cette vision du temps, aujourd’hui mise à mal par le changement de rythme de l’ordre du monde, par l’accélération de l’histoire. La tradition horlogère suisse, qui a consacré tant de temps à capter le temps chronométrique, qui a inventé les montres à complication, fait face, aujourd’hui, à l’imprévisible.

Elle doit s’adapter, vite !

S’il existe ainsi à coup sûr un « temps helvétique », la majorité de nos contemporains n’en sont pas conscients. Pas plus qu’ils ne connaissent, pour la plupart, l’extraordinaire richesse de l’aventure horlogère qui a focalisé, à plusieurs reprises et sous différents aspects, l’attention du monde. Retracer cette histoire en la confortant aux contingences présentes est donc un projet utile, nécessaire et enthousiasmant.

Prix de série décerné à M. Berthold Thomann, pour les quatre meilleurs chronomètres en 1952 Observatoire Cantonal de Neuchâtel MIH / BM

Carte postale de la Fabrique INVAR, publicité des années 1920. MIH / BM
L’industrie des montres portatives a pris corps au XVIe siècle loin de nos contrées.

À cette époque, les artisans de la montagne étaient agriculteurs pendant l’été et consacraient l’hiver aux travaux du fer, du bois ou de la dentelle.

Aux XVIe et XVIIe siècles se produisit un phénomène essentiel dans le mouvement d’industrialisation : le « Refuge » des protestants de France et d’Italie qui affluèrent par vagues successives à Genève et en Suisse. Il y avait parmi eux des financiers avec leur capital, des négociants avec leurs réseaux commerciaux, et des artisans avec leur savoir-faire et leurs techniques de production.

Pour survivre et se faire accepter, les réfugiés mirent aussitôt à profit leurs compétences particulières. C’est ainsi que Genève, la première, connut un premier essor industriel. Les horloges mécaniques dataient du XIVe siècle. Elles avaient orné jusque-là les clochers des églises, puis les maisons.

Deux groupes d’artisans furent à l’origine de la production de montres : les serruriers, qui savaient réparer les horloges, et les orfèvres, qui travaillaient les métaux précieux et ne recevaient plus, dans la ville de Calvin, de commandes pour les églises. Les premiers furent des Français et quelques Flamands et Anglais. En 1601 ils étaient organisés en corporation. Ils allaient former la Fabrique, cette institution de fait au sein de laquelle naquit Jean-Jacques Rousseau (1712).

Montre chinoise avec émaux et perles, signée Bovet Fleurier, vers 1860. Mouvement en acier  poli, échappement duplex

Edouard Kaiser (1855-1931) Polisseuses et Guillocheurs, 1896. Huile sur toile, 126 x 168 cm Musée des beaux-arts, Le Locle
L’horlogerie apparut dans la Principauté de Neuchâtel dans les dernières décennies du XVIIe siècle. L’installation des horlogers à La Chaux-de-Fonds et au Locle fut lente.

Elle ne put d’emblée concurrencer Genève, mais la main d’œuvre était de bonne qualité, bon marché et, de surcroît, pas organisée, ce qui permit aux entrepreneurs de pousser à son plus haut niveau la division rationnelle du travail développée à Genève.

Avec une qualité de produit légèrement moins élevée que celle du luxe genevois, mais avec des prix de revient plus bas, l’horlogerie neuchâteloise réussit, au XIXe siècle, à imposer sur le marché international une montre solide et précise, plus populaire, qui finit par éclipser la montre lémanique.

La production s’étendit au Jura vaudois, plus tard au Jura bernois, à Soleure, au Jura bâlois. À chaque récession, les inquiétudes firent naître de nouveaux projets, comme, vers 1890, la montre Roskopf, simplifiée et d’un prix abordable ou, dans les années 1980, la Swatch.

Marx et Engels prirent les manufactures horlogères comme modèles de leurs réflexions les plus avancées sur le développement du capitalisme, tandis que Kropotkine et Bakounine trouvèrent, dans l’aspiration à la liberté des travailleurs horlogers du Jura, des sources pour l’invention de l’anarchisme.

Par l’importance de la population occupée à produire ou à assembler des pièces de montre, en atelier ou à domicile, par l’efficacité des manufactures, par l’importance économique du secteur horloger, dont la quasi-totalité de la production s’exporte à l’étranger, par l’étonnant niveau de technologie qu’on rencontre dans les bourgades ou dans les villages restés relativement petits et ruraux, la civilisation horlogère des montagnes jurassiennes n’a pas fini d’étonner. Dans le temps présent, soumis à tous les doutes, une relecture de cette histoire s’impose !

Elle devra viser à l’exhaustivité, en relisant dans le détail les conceptions des horlogers du Pays de Neuchâtel, sans négliger d’examiner les outils, les ateliers, l’architecture des lieux de fabrication de nos montres.

Mieux encore, il faudra ouvrir le débat sur le rôle de l’horlogerie dans la société où la montre est devenue un signe de reconnaissance sociale. Un regard particulier permettra de suivre les stratégies de notre horlogerie face à la mode, la voiture, le sport, la recherche scientifique et la culture, sans oublier les vedettes, les stars qui prêtent leurs noms aux marques prestigieuses en permettant le développement d’une nouvelle croyance par le grand public sans pour autant omettre les initiés.

L’ouvrage édité par La Chatière est désormais disponible en librairie.

Derby Swissonic Digital Electronic 1970 Derby SA (ESA) / Photo BM

www.editions-chatiere.ch

Editions de la Chatière
Petit-Chézard 3
2054 Chézard-Saintz-Martin (Suisse)
Tél. 032 852 03 30

Montres-de-luxe.com | Publié le 13 Septembre 2008 | Lu 8046 fois






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