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Métiers d’Art : à la découverte du métier de conservateur-restaurateur en horlogerie


Alors qu’ont eu lieu début avril 2011 à Paris, dans la splendide Galerie des Moulages de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, face à la Tour Eiffel, les Journées des Métiers d’Art (parrainées par Vacheron Constantin) revenons sur un métier peu connu mais qui pourrait susciter des vocations chez les jeunes passionnés d’horlogerie : celui de conservateur-restaurateur en horlogerie.



Toute oeuvre d’art étant soumise à divers facteurs de dégradation et au minimum à l’action du temps, peut nécessiter une intervention de conservation-restauration. Les motivations de ces interventions répondent tantôt à des nécessités techniques dégradation des matériaux, tantôt à des besoins esthétiques ou socioculturels.

Longtemps empirique, la restauration s’est constituée en discipline au 20ème siècle et a adopté une démarche scientifique ainsi qu’un ensemble de principes éthiques et déontologiques. Sous le terme de « conservation-restauration » fréquemment adopté depuis 1984, on distingue aujourd’hui différents champs d’activités : la conservation préventive, qui agit sur l’environnement de l’œuvre dans le but de diminuer les risques de dégradation, la conservation curative, qui consiste en une intervention directe sur l’objet pour stopper une altération évolutive, et la restauration qui est également une intervention directe mais facultative, effectuée sur un objet pour améliorer sa lisibilité.

De manière générale, le conservateur-restaurateur en horlogerie s’applique à favoriser la réversibilité des interventions, ainsi que la recherche de la stabilité et de l’innocuité des matériaux utilisés. Il assure ainsi la pérennité des mécanismes et des décors des objets qui lui sont confiées et contribue à leur mise en valeur, tout en respectant leur intégrité physique, esthétique et historique.

On distingue l’horlogerie de petit, moyen et gros volume. L’horloger de petit volume se consacre aux montres, l’horloger de moyen volume aux pendules, l’horloger de gros volume aux horloges d’édifice et de clochers. Le chronométrier s’occupe des pendules et des montres d’observatoire astronomique ou de marine.

Un instrument horaire est toujours composé de matériaux très variés tels que : métal, bois, verre, émail, céramique, porcelaine, papier. Très souvent, les ouvrages sont ornés de décors peints, ciselés, dorés, marquetés, etc. Avant toute intervention, le conservateur-restaurateur en horlogerie dresse un constat d’état, et détermine les travaux et analyses qui relèvent inévitablement des spécialités connexes : ébénisterie, peinture, email, porcelaine, etc.

Le conservateur-restaurateur en horlogerie doit connaître et maîtriser parfaitement les éléments relevant de la machine horaire. Il se garde de réaliser lui-même des interventions ne relevant pas de sa spécialité. Il établit un diagnostic et des propositions de traitement, il coordonne les travaux de ses confrères cotraitants. Il détermine, avec le propriétaire, les grands axes de travail et les choix stratégiques ; par exemple, la fonction horaire est-elle encore prépondérante dans l’objet ou non ?

Chaque position est argumentée et justifiée. C’est donc en fonction de critères tels que le lieu de conservation de l’objet, ce qui est attendu de ce dernier et ce qu’il est raisonnable d’en attendre, ses caractéristiques initiales ainsi que son état actuel qu’un projet de conservation ou de restauration est élaboré.

Le conservateur-restaurateur doit être en mesure d’identifier les caractéristiques de l’oeuvre (style, accessoirement auteur, datation, provenance, matériaux, etc.). Parfois, le constat d’état est complété par des examens et analyses physicochimiques, pour approfondir la connaissance des oeuvres.

Une connaissance très approfondie de l’histoire des techniques et du progrès scientifique est indispensable pour vérifier la cohérence de l’objet avec la datation stylistique de ses décors. Il existe de nombreuses méthodes d’examen, parmi lesquelles un examen visuel poussé et attentif, suivi d’un démontage méticuleux et très rigoureusement annoté, sont souvent riches d’enseignements.

Des analyses chimiques peuvent nous renseigner sur la composition des huiles, des analyses microscopiques renseignent sur les processus de tribocorrosion mais aussi sur les méthodes d’usinage et de fabrication des aciers et des laitons.

Outre les restaurations abusives, les assemblages douteux, les réparations de fortune, les actions de modernisation des instruments horaires en fonction des nouvelles découvertes scientifiques, les dégradations des instruments horaires peuvent être dues à des facteurs physico-chimiques, mécaniques, biologiques : le vieillissement normal est provoqué par l’usage mécanique des matériaux constitutifs (une pendule ordinaire qui aurait fonctionné pendant 200 ans, aurait effectué environ,14 milliards d’oscillations, une montre 30 milliards) .

Ces altérations peuvent être accélérées par des variations de température, de composition de l’air, de mauvaises conditions de conservation, de manipulation et de conditionnement sont les principaux facteurs de détérioration des instruments horaires (pollution, poussières, brutalités et bricolages, réparations mal conduites, etc.).

L’instrument horaire peut présenter des usures fonctionnelles (par ex. tribocorrosion) des défauts structurels (par ex. défauts de trempe, effeuillage ou pailles des métaux), des défauts conjoncturels (ex : défauts de qualification donnant des mécanismes capricieux). En fonction des objectifs définis dans le projet de conservation restauration, le conservateur-restaurateur procédera, suivant sa compétence, à des nettoyages simples ou plus complexes des parties mécaniques et du décor métallique.

Les actions de dérestauration sont toujours mesurées et réfléchies, car les anciennes restaurations peuvent témoigner de l’état des pratiques et des techniques, à une période donnée. Lorsque des actions de réparation de pièces mécaniques sont nécessaires, on veillera à proposer des solutions alternatives tel que le remplacement complet d’un mobile, action totalement réversible par la remise en place de l’ancien mobile demeuré non touché. Le problème principal est toutefois celui du risque de perte des pièces remplacées. (Heureusement les pendules offrent souvent assez d’espaces dissimulés dans lesquels il est possible de remiser les pièces avec une notice d’explication).

Pour les montres, un archivage en atelier est préférable : bien que le dossier de conservation-restauration suive en principe l’objet, rien ne certifie sa durabilité, dans le domaine privé. Le conservateur-restaurateur devra le cas échéant être capable de conduire un usinage complet de pièces, dont les tolérances sont souvent très petites, de le rendre identifiable et de conduire son action en conformité avec sa déontologie et les attentes du client. (La pièce est conforme à l’originale, gravée et datée. Elle n’est pas vieillie dans le but de la faire passer pour authentique.)

On retiendra que conserver-restaurer ne veut pas dire réparer, et qu’en aucun cas il ne s’agit de rendre un objet dans un état voisin de celui qu’il avait lors de sa première mise en service, toutes pièces brillantes, polies, rectifiées, comme on peut le lire si souvent dans la littérature professionnelle.

Le conservateur-restaurateur en horlogerie assure la préservation de l’objet, en maintenant si possible ses fonctions, son aspect, mais également les informations que l’histoire a transmis à son sujet. Par son action, ce professionnel est à la fois la voix des générations à venir, car ses actions sont réversibles, et le garant de l’intégrité historique, esthétique et technique de l’objet qui lui est confié. Son action est réfléchie et conduite déontologiquement.

Le travail du conservateur-restaurateur est complété par un rapport détaillé relatant les interventions effectuées et les produits utilisés. Ce rapport comprend une documentation photographique (avant, pendant et après les opérations) ainsi que des préconisations de conservation.

Formation initiale

Les formations en horlogerie, actuellement dispensées en France, n’intègrent pas la restauration dans leur cursus. Ce sont uniquement la réparation et les techniques de service après-vente qui sont enseignées, car toutes ces formations ont pour vocation principale de suppléer à la demande de main d’oeuvre que génère l’industrie horlogère Suisse. Les formations scolaires sont cependant nécessaires pour connaitre les bases du métier, son fonctionnement, ainsi que la construction générale des mécanismes. Une formation en DMA (Diplôme des métiers d’art) à Morteau suivie d’un Master, diplôme de niveau I, à la Sorbonne en conservation restauration des biens culturels, spécialité métal est une bonne solution possible pour embrasser la profession de Conservateur restaurateur en horlogerie.

Il existe aussi une formation en 3 années post bac dispensée à la Chaux De Fonds en Suisse Enfin en fonction de son expérience professionnelle la VAE (validation des acquis de l’expérience) autorise l’accès au Master 2 conservation restauration des biens culturels section métal à la Sorbonne. Consultez le service validation et reprises d’études.

Environnement

En majorité, les conservateurs restaurateurs en horlogerie exercent leur profession en tant que travailleurs indépendants (artisans ou professions libérales). Bien que la circulaire n°157 du Bulletin officiel des impôts, parue le 16 septembre 2002, ayant entériné l’activité de conservateur-restaurateur comme relevant de la catégorie des bénéfices non commerciaux peu de Conservateurs-restaurateurs en horlogerie ont opté pour le statut de profession libérale, restant “traditionnellement” affiliés à la chambre des métiers et de l’artisanat.

Ils peuvent travailler seuls ou se regrouper pour répondre à des marchés publics. Leurs clients font partie du secteur public (musées de France, monuments historiques, collectivités territoriales) ou du secteur privé (antiquaires, galeries, particuliers...).

Depuis la loi musée de 2002, il faut, pour travailler sur des collections relevant de la responsabilité des musées de France, être détenteur d’un diplôme sanctionnant au moins 4 années d’étude et la fin d’un second cycle de l’enseignement supérieur, qui peut également être obtenu par une validation d’acquis de l’expérience professionnelle (VAE). Il existe aussi une procédure d’habilitation par la Direction des Musées de France pour les restaurateurs ayant travaillé pour les musées de France dans les 5 ans précédant la promulgation du décret.

Les professionnels indépendants de la conservation-restauration sont estimés à environ 900 personnes (majoritairement professions libérales et artisans)

En savoir plus sur le site www.metiersdart-artisanat.com, consultez la base de données sur la formation initiale et la formation professionnelle continue en France.

Montres-de-luxe.com | Publié le Lundi 11 Avril 2011 | Lu 2649 fois