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F.P.Journe s'offre la Breguet réf. 1890 qui intègrera la musée F.P.Journe Le Patrimoine l'an prochain


Par Jean-philippe Tarot, Jeudi 13 Novembre 2025 pour Montres-de-luxe.com

Sotheby’s vient de consacre une vente exceptionnelle à Breguet, à l’occasion de son 250ᵉ anniversaire. Il s’agit de la plus importante vente dédiée aux garde-temps de la marque depuis trois décennies. Pour l’occasion, François-Paul Journe a acheté une montre de poche historique d’Abraham-Louis Breguet, la réf. 1890 qui intègrera le musée F.P.Journe Le Patrimoine qui ouvrira l’an prochain à Genève.


Symbole d’une époque où l’horlogerie relevait autant de l’art que de la science, la montre de poche Breguet n°1890 illustre à la perfection le génie inventif d’Abraham-Louis Breguet.
 
Livrée en 1809 au comte Alexis Razoumoffsky, diplomate et mécène issu de la noblesse russe, cette pièce rare vient de réapparaître sous les projecteurs de Genève, où elle a été adjugée pour plus de 1,88 million de francs suisses lors de la vente « A Celebration of Breguet’s 250th Anniversary » organisée par Sotheby’s.
 
Et c’est donc monsieur Journe qui l’a acheté pour qu’elle intègre son musée F.P.Journe Le Patrimoine qui ouvrira l’an prochain à Genève. « Il y a 43 ans, souligne cet horloger d’exception, j’achevais mon premier tourbillon. Je suis fier d’avoir remporté aux enchères le plus beau tourbillon d’Abraham-Louis Breguet et de rendre à son génie, la position qu’il mérite dans le futur musée F.P.Journe ».
 
Commandée au tout début du XIXᵉ siècle, la Breguet n°1890 se distingue par sa technologie d’avant-garde. Son cœur abrite un tourbillon à rotation de quatre minutes, couplé à un échappement naturel à double roue, l’une des inventions les plus ambitieuses du maître horloger. Elle est cadencée à 3Hz ce qui était élevé pour l’époque. Et rarissime.
 
Seules huit montres de Breguet associèrent ces deux complications. Un ensemble complexe qui avait pour but d’améliorer la régularité de la marche tout en réduisant les frottements, véritable prouesse mécanique pour l’époque.
 
La construction du mouvement traduit la maîtrise absolue du savoir-faire horloger suisse du début du XIXᵉ siècle et surtout, celui d’Abraham-Louis Breguet.
 
Le boîtier en or 18 carats de 65 mm (plus de 200 grammes) abrite un cadran d’une sobriété raffinée, signé « Breguet et Fils » et orné d’une inscription exceptionnelle : le nom du comte Alexis Razoumoffsky gravé à la main ; une personnalisation qui confère à cette pièce une aura toute particulière.
 
Au-delà de la prouesse mécanique, la montre témoigne du goût et du raffinement propres aux créations de Breguet. On y retrouve les codes esthétiques chers à la Maison : cadran guilloché grains d'orge en argent, aiguilles “pomme” en acier bleui (dites aiguilles Breguet), réserve de marche subtilement intégrée et seconde d’observation.
 
Selon les archives de la Maison Breguet, la montre fut entamée en 1804, achevée en 1809, et vendue pour 3.240 francs, une somme considérable à l’époque. Le comte Razoumoffsky, grand amateur d’art et diplomate auprès de la cour de Vienne, comptait parmi les clients les plus prestigieux de la marque -aux côtés de Napoléon, Marie-Antoinette ou du tsar Alexandre Iᵉʳ.
 
Ce lien entre Breguet et la noblesse européenne illustre à quel point la manufacture a su, dès ses débuts, séduire les élites les plus cultivées, en quête de précision, de beauté et de modernité.
 
Plus de deux siècles après sa livraison, la Breguet n°1890 a ressurgi dans un état de conservation remarquable. Lors de sa mise en vente à Genève en novembre 2025, elle a captivé collectionneurs et historiens par son importance technique et historique.
 
Estimée entre 350 000 et 700 000 CHF, elle a finalement été adjugée à 1 880 000 CHF, établissant un nouveau record pour un tourbillon à échappement naturel de cette époque. Elle sera donc, grâce à François-Paul Journe, visible dans son musée dans les mois à venir…