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Le nouveau chronographe Tudor Black Bay : retour vers le futur


Le lancement du nouveau Chronographe Black Bay M79360N marque un tournant important pour la manufacture Tudor : celui de la maturité d’une part, et du renouveau d’autre part, avec ce que l’on pourrait considérer comme la 7ème génération de chronographe de la maison suisse.



Avant de rentrer dans les détails techniques de ce nouveau garde-temps, effectuons un grand saut dans le passé pour mieux comprendre l’évolution des chronographes de la marque à la rose et au bouclier, qui a su puiser dans son histoire, l’inspiration technique et esthétique de ce nouveau modèle contemporain.
 
Depuis plus de 50 ans, Tudor a su développer tout une gamme de chronographes en proposant des modèles à la fois inscrits dans leur époque, mais toujours fortement identitaires, au style unique et reconnaissable au premier coup d’œil.

Première génération : le chronographe Oysterdate (Série 7000)
1970 marquera l’apparition des deux premiers chronographes Tudor baptisés « Oysterdate » : le premier sous la référence 7031/0 se caractérisera par une lunette tachymétrique surmontée d’un disque en plexiglas noir. Le second, le modèle 7032/0, se différenciera par sa lunette tachymétrique en acier satiné.
 
Hormis cette différenciation, ces deux chronographes « Oysterdate » partageront les mêmes caractéristiques. Ils seront équipés d’un calibre Valjoux 7734 à remontage manuel possédant une belle réserve de marche de plus de 45 heures.
 
Le boitier de 39 mm, très imposant pour les standards de l’époque, l’angle prononcé de ses cornes, ainsi que le style très graphique du cadran, en feront dès sa naissance, une montre à forte personnalité.
 
Le bracelet en acier proposé est de type Rolex Oyster, référence 7836, avec maillons pliés. Les deux compteurs placés à 3 et 9 h du fameux cadran gris et noir à index caractéristiques indiquent respectivement les secondes permanentes et les minutes écoulées de la fonction chronographe.
 
Ces deux modèles seront dotés de boutons poussoirs et d’une couronne vissée arborant le logo Rolex et assurant une étanchéité à 50 mètres. Enfin, il faut noter le positionnement atypique du guichet date et du cyclope à 6h venant renforcer la forte personnalité et la modernité de ces deux premiers modèles.

Deuxième génération : le chronographe Oysterdate (Série 7100)
La deuxième génération de chronographes Tudor « Oysterdate » apparaitra en 1971 et figurera dans le catalogue jusqu’en 1977.
 
Surnommés Tudor « Montecarlo » dans les cercles d’amateurs en raison de leurs cadrans rappelant le graphisme d’une roulette de casino, les chronographes de la série 7100 garderont le boîtier ainsi que l’esprit du cadran à index peints de leurs prédécesseurs, mais intègreront un nouveau calibre Valjoux 234 à remontage manuel.
 
Ce nouveau mouvement plus sophistiqué, avec embrayage et roue à colonnes et cadencé à 4hz (21.600 alternances) confèrera au chronographe une meilleure précision.
 
Les trois nouvelles références Oysterdate 7149/0, 7159/0, 7169/0 qui composeront la gamme 7100 viendront au fur et à mesure remplacer les modèles 7031/0 et 7032/0 de la première génération et bénéficieront d’une combinaison alternative de couleurs dont un nouveau cadran inédit avec compteur et minuterie bleus vifs, très prisé aujourd’hui par les collectionneurs.

Le chronographe Tudor Oysterdate « Montecarlo » référence 7149/0 sera livré avec une lunette en plexiglas équipée d’une échelle tachymétrique. Le modèle 7159/0 se dotera d’une lunette en acier satiné et d’une échelle tachymétrique gravée. Quant au modèle 7169/0, celui issu du prototype 7033/0, il sera commercialisé avec une lunette tournante.

Troisième génération : les chronographes Prince Oysterdate « Big Block » (Série 9400)
1976, année charnière pour Tudor, marquera l’arrivée des nouveaux modèles « Prince Oysterdate », mais surtout, une grande évolution technique avec l’intégration du fameux mouvement automatique Valjoux 7750.
 
Ces nouveaux modèles de la gamme 9400, répertoriés sous le nom de Prince Oysterdate, sont également connus sous le nom d’« Automatic Chrono time » en référence aux signatures apposées sur leurs cadrans.
 
Cependant, ils seront surnommés « Big Block » dans les cercles de collectionneurs en raison du boitier plus épais capable d’accueillir le nouveau calibre automatique 7750 et son rotor.
 
La collection 9400 sera composée des référence 9420/0 et 9430/0 se distinguant les unes des autres par leur type de lunettes. Plusieurs variations de cadrans seront même disponibles mais sans influence sur ce référencement.
 
Deux directions esthétiques pourront être distinguées : la première représentée par le modèle 9420/0, se caractérisant par un cadran de couleur gris à zones bleues et écritures orange, qui sera d’ailleurs baptisé « exotic ». La seconde, représentée par le modèle 9430/0 possédant un cadran et des compteurs uniformes sur fond noir.
 
Ces modèles « Prince Oysterdate Big Block », quelques soient leurs nombreuses déclinaisons esthétiques, seront tous animés par le très fiable calibre Valjoux 7750.
 
Ce dernier, fréquencé à 28.800 alternances apporte une innovation supplémentaire aux chronographes Oysterdate sous la forme d’un correcteur rapide de date, évitant ainsi les trop nombreux tours d’aiguilles pour remettre la date à jour. Une position intermédiaire de la couronne permettra désormais d’agir directement sur le disque de date.
 
L’architecture technique de ce nouveau mouvement automatique Valjoux imposera une réorganisation complète du cadran avec l’ajout d’un compteur des heures, le glissement du groupe de compteurs vers la gauche du cadran et le déplacement du guichet de date à 3h, tout en conservant le cyclope.

Quatrième génération : Tudor Prince Oysterdate « Big Block » (Série 79100)
En 1989, la gamme 79100 sera introduite au catalogue en remplacement de la série 9400. Leur boîtier reste identique, ce qui leur vaudra de conserver le surnom de « Big Block ». Pour autant, on note que légères modifications esthétiques seront apportées à cette nouvelle gamme.
 
Ainsi, la référence 79160 de 1989 portera la mention « Oysterdate ». Le boîtier et la couronne seront toujours estampillés « Rolex » mais le bracelet affichera désormais un logo Tudor sur son fermoir. Quant à la référence 79170, commercialisée en 1992, elle se verra dotée d’une lunette tournante sans échelle tachymétrique.

Cinquième génération : Tudor Prince Oysterdate « Big Block » (Série 79200)
L’année 1995 inaugurera une seconde série de chronographes automatiques, la 79200 « Prince Oysterdate », avec notamment la référence 79280 (cousine de la Rolex Daytona) qui bénéficiera de nombreuses améliorations esthétiques et techniques telles qu’un boîtier affiné et l’apparition d’un verre saphir inrayable. La lunette en acier avec échelle tachymétrique gravée fera son grand retour.
 
Trois changements notables marqueront encore le design de cette nouvelle génération : un nouveau cadran caractéristique, argenté aux compteurs de couleur crème sera proposé. Concernant la lunette, un disque en aluminium éloxé noir avec décalque remplacera le disque de lunette tachymétrique traditionnel en plexiglas et une glace saphir avec loupe sera adoptée en remplacement des glaces en plexiglas.
 
L’année 1996 et la série 79200 marqueront les cinquante ans de Tudor mais aussi, sa capacité à vouloir s’affirmer en faisant définitivement apparaitre son logo sur l’ensemble des boitiers, couronnes et bracelets au détriment du logo Rolex encore omniprésent jusque-là.
 
À partir de 1998, les chronographes Tudor Prince Oysterdate apparaitront au catalogue avec des bracelets en acier à cinq mailles référencés 62490 et signés Tudor. Le bracelet Oyster sera progressivement abandonné.
 
La référence 79260  qui sera produite de 1996 à 2000 ne portera que des marquages Tudor et abandonnera donc naturellement l’appellation Oyster ; quant à son cadran, il portera désormais la signature « Prince Date ».

Ce changement de nomenclature s’observe dès 1997, année au cours de laquelle les chronographes Prince Date deviendront disponibles pour la première fois sur bracelet cuir avec boucle déployante acier siglée Tudor.

Sixième génération : chronographe « Heritage chrono »
Pour fêter les quarante ans de la création de son premier chronographe, Tudor lancera en 2010, le modèle Heritage Chrono directement inspiré des série 7000 et 7100 des années 70. Intégralement redessiné, le cadran de la Tudor Heritage Chrono comporte des index tridimensionnels et deux guichets : l’un à 3 h pour la petite aiguille des secondes et l’autre à 9 h pour le compteur totalisateur de 45 minutes.
 
Étanche jusqu’à une profondeur de 150 mètres, le boîtier de 42 mm en acier se verra doter d’une lunette bidirectionnelle avec disque en aluminium éloxé. Ce chronographe sera équipé du mouvement automatique Calibre T401, conçu sur une base base ETA avec l’adjonction d’un module additionnel Dubois-Depraz, le tout proposant une réserve de marche de 40 heures environ.
 
La couronne et les poussoirs distinctifs sont moletés avec une finition chromée. La couronne est ornée du « bouclier Tudor »

Septième génération : le chronographe Black Bay (Série 79300)
En 2017, Tudor présentera le chronographe Black Bay équipé d’un tout nouveau mouvement manufacturé MT5813 possédant une réserve de marche de 70h. Ce dernier viendra s’inscrire dans le développement de la gamme Black Bay, nouveau cœur de business de la manufacture.
 
Ce chronographe adoptera tous le signes distinctifs d’une « BB » à savoir un boitier imposant, une grande couronne vissée sans épaulement et le bracelet en acier 316L riveté, finition polie et satinée, avec boucle déployante et fermoir de sécurité.
 
Enfin, dernier élément notable, le compteur des minutes du chronographe conserve sa graduation à 45 minutes ; une variation qui rappelons-le, demeure plus rare que la graduation classique à 30 minutes.

Le nouveau chronographe Black Bay chrono – Réf. M79360N
Ce voyage dans le temps terminé, nous pouvons donc nous pencher sur ce nouveau modèle de chronographe Tudor sous référence M79360N, s’inscrivant dans la famille des Black Bay.
 
A première vue, pas d’évolution notable, hormis l’apparition d’un cadran de type panda ou panda inversé. Mais en regardant de plus près, ce nouveau garde-temps offre, à mon sens, une véritable évolution.
 
Grâce à la découpe de la partie inférieure de la glace saphir et à un repositionnement du calibre, l’épaisseur total a légèrement diminué. La montre parait plus fine et plus élégante tout comme le « restylage » de la « Prince Oysterdate », référence 79280 à son époque.
 
Le chronographe demeure très confortable et vient se caler de manière parfaite sur le poignet. Le boitier de la BB accueille le calibre Tudor MT 5813, qui rappelons-le a été développé en partenariat avec Breitling. Ce dernier bénéficie à l’instar de Rolex d’un spiral en silicium amagnétique et d’une garantie de 5 ans.

Le cadran, élément clef de ce nouveau chrono, est donc disponible en version panda ou panda inversé. Les compteurs magnifiques et hyper lisibles sont superbement intégrés en creux sous le niveau du cadran.

Sur la version panda, ces derniers arborent une teinte ivoire du plus bel effet. Le noir mat du cadran et de la lunette tachymétrique, ainsi que la taille réduite des index apportent à ce modèle beaucoup de sobriété ainsi qu’un petit air « vintage » très réussi.
 
En magnifiant son chronographe Black Bay, et en relançant l’esprit panda initié par les modèles 79280 et 9430, Tudor vient de mettre sur le marché un garde-temps quasi-parfait ! Le plus compliqué sera donc de choisir quel cadran et quel bracelet choisir puisque ce nouveau chronographe M79360N est décliné sous quatre modèles différents...
 
Cédric Gordon


Montres-de-luxe.com | Publié le 25 Mai 2021 | Lu 37956 fois






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