Il y a une dizaine de jours, le groupe LVMH annonçait la relance de la marque Daniel Roth. Une excellente nouvelle. Depuis la semaine dernière, on sait également que le géant du luxe français va également remettre en selle, la marque Gerald Genta qui vivotait depuis des années…
Cela explique également pourquoi Jean Arnault qui préside aux destinées des montres Louis Vuitton arpentait les couloirs de Watches & Wonders avec une somptueuse Gerald Genta au poignet...
On espère désormais que cette belle maison retrouvera sa place au plus haut niveau de la Haute Horlogerie, comme ce fut le cas dans les années 1970, 1980 et 1990.
Figurant en première place au Panthéon des plus grands horlogers, Gérald Genta (décédé en 2011) a révolutionné cette industrie avec ses créations avant-gardistes. Premier véritable « designer horloger » et reconnu comme étant le plus grand de tous les temps, Gérald Genta appréhendait son travail avant tout avec les yeux d’un artiste.
Il a ainsi passé plus de cinq décennies sur sa planche à dessin, à concevoir des pièces qui sont devenues ensuite (pour beaucoup) les plus grands succès de l’histoire de l’horlogerie. Surtout (re)connu pour avoir conçu et introduit sur le marché les premières montres de sport de luxe en acier avec la Royal Oak pour Audemars Piguet et la Nautilus pour Patek Philippe, sa contribution à l’industrie va bien au-delà.
Pour rappel, Gérald Genta naît à Genève en 1931 et étudie la joaillerie, mais le travail ne l'enthousiasme pas. D'un geste courageux, il jette ses outils de joaillerie dans le Rhône ! Il envisage ensuite une carrière dans la couture, mais se confronte au fait que Genève ne soit pas la capitale de la mode (c’est le moins qu’on puisse dire).
Genève étant la ville de l'horlogerie, il entreprend alors de s'imposer comme le « couturier du temps » et de se faire un nom dans l'industrie horlogère. Gérald Genta connaît tout d'abord le succès en travaillant avec Universal Genève, pour qui il conçoit la fameuse Polerouter (à l'origine appelée Polarouter), une montre qui célèbre la route aérienne transarctique reliant les États-Unis et l'Europe alors récemment ouverte par SAS.
Omega devient également un client fidèle, et sa contribution se retrouve dans la collection Constellation, qui est lancée en 1959. Mais les créations les plus célèbres de Gérald Genta pour d'autres fabricants datent des années 1970…
Au cours de cette période, il conçoit coup sur coup, la Royal Oak pour Audemars Piguet, dont la lunette octogonale vissée unique s'inspire d'un souvenir d'enfance d'un plongeur du lac Léman équipé d’un scaphandre. Il crée également la Nautilus de Patek Philippe, qui s'inspire des hublots marins, l'Ingenieur pour IWC et la Roma pour Bulgari. Sans oublier sa fameuse Credor Locomotive en 1979 pour l’horloger japonais. Mr Genta étant aussi à l’époque, on le sait peu, un star au Pays du Soleil Levant !
Pendant cette période, Gérald Genta fonde également sa propre entreprise et conçoit des montres pour de nombreuses marques célèbres, mais ses travaux les plus représentatifs sont publiés sous son propre nom.
La marque Gerald Genta établira au fil du temps une identité esthétique forte fondée sur l'interaction de formes géométriques circulaires et rectilignes, articulée autour d'une série de collections principales. Cette maison indépendante est alors l'une des pionnières de l'horlogerie post-quartz à grande complications. Et des tarifs également très élevés.
Développée avec la complicité du maître horloger Pierre-Michel Golay, sa première montre-bracelet squelette à répétition minutes avec remontage automatique est lancée en 1980. Horloger hors normes, Gérald Genta maîtrise la répétition minute avec la plus grande attention, veillant à ce que le boîtier produise un son exceptionnel.
Plus tard, il créera une des montres-bracelets les plus élaborées de l’époque avec la Grande Sonnerie en 1994, qui nécessita cinq années de recherche et de développement. Il ne craint pas l'innovation et la fantaisie ; ses montres Disney de 1984 ont même scandalisé les cercles horlogers conservateurs de Genève.
Il fabrique également des mouvements compliqués pour d'autres marques, notamment des calibres de répétition minutes et de calendrier perpétuel pour la Cartier Pasha, ainsi que l'unique tableau d'affichage des scores de la Golf Pasha.
Il devient en outre un interlocuteur unique pour les magnats et les potentats de la fin du XXe siècle du monde entier, pour lesquels il a fabriqué des objets uniques, des automates de grande taille aux montres érotiques serties de pierres précieuses, qui ne sont limités que par l'imagination de ses
clients.
Le détaillant de montres The Hour Glass acquiert une participation majoritaire dans Gerald Genta (et Daniel Roth) en 1996. Mais n’en fera pas grand-chose… En 2000, la marque est finalement rachetée par Bulgari, qui continuera de fabriquer des montres Gerald Genta de manière (trop) épisodique, notamment plus récemment des petites séries de montres Mickey Mouse.
La marque Gerald Genta est finalement relancée en avril 2023 sous incubation de La Fabrique du Temps Louis Vuitton, qui acquiert les droits de la marque et décide de se concentrer sur la production de grandes complications en petites quantités (même principe que la relance de Daniel Roth).
Les fondateurs de La Fabrique du Temps, Michel Navas et Enrico Barbasini, vont apporter leur expérience unique en ayant travaillé ensemble pour Gerald Genta dans les années 1980 et 1990, supervisant les ateliers de répétition minutes, de tourbillon et de grandes complications.
De son côté, la veuve de Gérald Genta, Evelyne Genta, très active depuis quelques années pour faire vivre la mémoire de son mari via l’association Gerald Genta Heritage, soutient pleinement le projet et permet à La Fabrique du Temps d'accéder aux archives de son époux, comprenant plusieurs centaines de designs qui n'ont jamais été réalisés. La Fabrique du Temps Louis Vuitton dispose ainsi d'un avantage considérable pour créer des montres exceptionnelles sous la marque Genta.
De fait, grâce à un accès illimité aux archives de design de Gérald Genta et à l'expertise des horlogers qui ont travaillé avec lui, la marque est en mesure de puiser dans son héritage pour créer des montres contemporaines, dignes de la signature de ce designer de génie ! Affaire à suivre donc.
Cela explique également pourquoi Jean Arnault qui préside aux destinées des montres Louis Vuitton arpentait les couloirs de Watches & Wonders avec une somptueuse Gerald Genta au poignet...
On espère désormais que cette belle maison retrouvera sa place au plus haut niveau de la Haute Horlogerie, comme ce fut le cas dans les années 1970, 1980 et 1990.
Figurant en première place au Panthéon des plus grands horlogers, Gérald Genta (décédé en 2011) a révolutionné cette industrie avec ses créations avant-gardistes. Premier véritable « designer horloger » et reconnu comme étant le plus grand de tous les temps, Gérald Genta appréhendait son travail avant tout avec les yeux d’un artiste.
Il a ainsi passé plus de cinq décennies sur sa planche à dessin, à concevoir des pièces qui sont devenues ensuite (pour beaucoup) les plus grands succès de l’histoire de l’horlogerie. Surtout (re)connu pour avoir conçu et introduit sur le marché les premières montres de sport de luxe en acier avec la Royal Oak pour Audemars Piguet et la Nautilus pour Patek Philippe, sa contribution à l’industrie va bien au-delà.
Pour rappel, Gérald Genta naît à Genève en 1931 et étudie la joaillerie, mais le travail ne l'enthousiasme pas. D'un geste courageux, il jette ses outils de joaillerie dans le Rhône ! Il envisage ensuite une carrière dans la couture, mais se confronte au fait que Genève ne soit pas la capitale de la mode (c’est le moins qu’on puisse dire).
Genève étant la ville de l'horlogerie, il entreprend alors de s'imposer comme le « couturier du temps » et de se faire un nom dans l'industrie horlogère. Gérald Genta connaît tout d'abord le succès en travaillant avec Universal Genève, pour qui il conçoit la fameuse Polerouter (à l'origine appelée Polarouter), une montre qui célèbre la route aérienne transarctique reliant les États-Unis et l'Europe alors récemment ouverte par SAS.
Omega devient également un client fidèle, et sa contribution se retrouve dans la collection Constellation, qui est lancée en 1959. Mais les créations les plus célèbres de Gérald Genta pour d'autres fabricants datent des années 1970…
Au cours de cette période, il conçoit coup sur coup, la Royal Oak pour Audemars Piguet, dont la lunette octogonale vissée unique s'inspire d'un souvenir d'enfance d'un plongeur du lac Léman équipé d’un scaphandre. Il crée également la Nautilus de Patek Philippe, qui s'inspire des hublots marins, l'Ingenieur pour IWC et la Roma pour Bulgari. Sans oublier sa fameuse Credor Locomotive en 1979 pour l’horloger japonais. Mr Genta étant aussi à l’époque, on le sait peu, un star au Pays du Soleil Levant !
Pendant cette période, Gérald Genta fonde également sa propre entreprise et conçoit des montres pour de nombreuses marques célèbres, mais ses travaux les plus représentatifs sont publiés sous son propre nom.
La marque Gerald Genta établira au fil du temps une identité esthétique forte fondée sur l'interaction de formes géométriques circulaires et rectilignes, articulée autour d'une série de collections principales. Cette maison indépendante est alors l'une des pionnières de l'horlogerie post-quartz à grande complications. Et des tarifs également très élevés.
Développée avec la complicité du maître horloger Pierre-Michel Golay, sa première montre-bracelet squelette à répétition minutes avec remontage automatique est lancée en 1980. Horloger hors normes, Gérald Genta maîtrise la répétition minute avec la plus grande attention, veillant à ce que le boîtier produise un son exceptionnel.
Plus tard, il créera une des montres-bracelets les plus élaborées de l’époque avec la Grande Sonnerie en 1994, qui nécessita cinq années de recherche et de développement. Il ne craint pas l'innovation et la fantaisie ; ses montres Disney de 1984 ont même scandalisé les cercles horlogers conservateurs de Genève.
Il fabrique également des mouvements compliqués pour d'autres marques, notamment des calibres de répétition minutes et de calendrier perpétuel pour la Cartier Pasha, ainsi que l'unique tableau d'affichage des scores de la Golf Pasha.
Il devient en outre un interlocuteur unique pour les magnats et les potentats de la fin du XXe siècle du monde entier, pour lesquels il a fabriqué des objets uniques, des automates de grande taille aux montres érotiques serties de pierres précieuses, qui ne sont limités que par l'imagination de ses
clients.
Le détaillant de montres The Hour Glass acquiert une participation majoritaire dans Gerald Genta (et Daniel Roth) en 1996. Mais n’en fera pas grand-chose… En 2000, la marque est finalement rachetée par Bulgari, qui continuera de fabriquer des montres Gerald Genta de manière (trop) épisodique, notamment plus récemment des petites séries de montres Mickey Mouse.
La marque Gerald Genta est finalement relancée en avril 2023 sous incubation de La Fabrique du Temps Louis Vuitton, qui acquiert les droits de la marque et décide de se concentrer sur la production de grandes complications en petites quantités (même principe que la relance de Daniel Roth).
Les fondateurs de La Fabrique du Temps, Michel Navas et Enrico Barbasini, vont apporter leur expérience unique en ayant travaillé ensemble pour Gerald Genta dans les années 1980 et 1990, supervisant les ateliers de répétition minutes, de tourbillon et de grandes complications.
De son côté, la veuve de Gérald Genta, Evelyne Genta, très active depuis quelques années pour faire vivre la mémoire de son mari via l’association Gerald Genta Heritage, soutient pleinement le projet et permet à La Fabrique du Temps d'accéder aux archives de son époux, comprenant plusieurs centaines de designs qui n'ont jamais été réalisés. La Fabrique du Temps Louis Vuitton dispose ainsi d'un avantage considérable pour créer des montres exceptionnelles sous la marque Genta.
De fait, grâce à un accès illimité aux archives de design de Gérald Genta et à l'expertise des horlogers qui ont travaillé avec lui, la marque est en mesure de puiser dans son héritage pour créer des montres contemporaines, dignes de la signature de ce designer de génie ! Affaire à suivre donc.
